Des heurts violents ont éclaté mardi matin entre les occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et les forces de l'ordre qui ont entamé la destruction de lieux de vie ou de projets agricoles parfois implantés de longue date sur le site. Lundi, au premier jour de l'opération, "ils (les gendarmes, ndlr) ont détruit la bergerie des 100 noms. Aujourd'hui, ils sont en train d'attaquer d'autres lieux agricoles, ils attaquent tous les projets agricoles contrairement à ce qu'ils avaient dit", a déclaré lors d'un point presse Sarah, expulsée lundi du lieu-dit "Les 100 noms".
"Ils nous ont eus, on a cru dans le dialogue, dans l'apaisement et aujourd'hui ils nous répondent par la violence", a souligné Willem, éleveur laitier installé légalement depuis deux ans sur la ZAD. "Si ce soir la préfecture ne retire pas ses troupes, c'est la mobilisation générale", a également annoncé l'agriculteur "historique" Julien Durand, porte-parole de la principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport.
Au deuxième jour d'une opération massive destinée à déloger les occupants, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport, six opposants ont été blessés par des projectiles, selon l'équipe médicale des zadistes, dont cinq aux jambes et un à la tête. Côté forces de l'ordre, quatre gendarmes ont également été blessés par des projectiles, selon le ministère de l'Intérieur.
Nous ne voulons pas d'un Rémi Fraisse
Gérard Collomb
L'intervention pourrait "durer jusqu'à la fin de la semaine", avait estimé Gérard Collomb en évoquant une journée de mardi "forcément cruciale". "Il est certain que c'est un sujet qui ne va pas être réglé en un ou deux jours. On travaille dans la durée", a confirmé le patron de la gendarmerie, le général Richard Lizurey sur RTL.
"Nous procédons avec ordre et méthode, squats après squats, de manière à ce que le niveau de violence et le niveau des dégâts collatéraux soient les moins élevés possibles", a déclaré sur notre antenne le général.
Le ministre de l'Intérieur a rappelé avoir donné pour consigne aux forces de l'ordre "la plus grande retenue". "Nous ne voulons pas d'un Rémi Fraisse (jeune tué par une grenade offensive lors d'affrontements à Sivens en 2014, ndlr), nous ne voulons pas qu'il y ait des jeunes qui puissent être blessés, nous ne voulons pas que des forces de l'ordre puissent être atteintes", a-t-il affirmé.
Selon le général Lizurey, "la situation est sous contrôle malgré quelques tensions et quelques oppositions". Combien de zadistes à expulser ? "Le chiffre est extrêmement variable. Un certain nombre d'opposants vont et viennent (...) nous avions environ 200 opposants hier dans la journée. Nous avons terminé la journée avec une centaine", estime le patron de la gendarmerie.
Selon les occupants, une centaine de camions de gendarmes mobiles, blindés, tractopelles sont revenus mardi matin sur la ZAD. "Plusieurs lieux de vie et projets agricoles semblent aujourd'hui immédiatement dans les viseurs de la préfecture", ont-il précisé citant "la Chèvrerie, une maison magnifique" et la "maison des vraies rouges un des plus vieux groupements d'habitats auto-construit en terre-paille ou en bois de la ZAD avec son espace collectif sur deux étages".
"Plus ça va aller, plus ça va être compliqué", avait jugé la préfète des Pays-de-la-Loire Nicole Klein à la fin de la première journée de l'intervention qui mobilise 2.500 gendarmes. Cette opération répond à l'engagement pris par Édouard Philippe d'éradiquer cette "zone de non-droit" le 17 janvier, lorsqu'il a mis fin au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Dans une nouvelle conférence de presse, la préfète de la Loire-Atlantique est revenue sur le deuxième jour de l'opération d'expulsion. Accompagnée de Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, elle a notamment rappelé que cette intervention était motivée par "le refus de certains individus de rentrer dans l’État de droit". Et d'insister, "Cette opération est menée avec discernement et dans le plus strict respect du droit."
Également, sept personnes interpellées ont été placées en garde à vue. Deux nouveaux squats ont été évacués aujourd'hui et neuf ont été démolis, la plupart près de la route des chicanes dont la réouverture est une priorité pour Nicole Klein. "Des solutions d’hébergement ont été proposées aux personnes expulsées, aucune n’a été acceptée" a rappelé la préfète.
La préfète a toutefois affirmé qu'"il n'y aura pas d'évacuation totale" de la Zad, les forces de l'ordre ne touchant pas "au bâti'". "On ne s'est occupé que des squats, qui étaient des planches", a-t-elle assuré.
Les zadistes ont appelé dès lundi "tous ceux qui le peuvent à se rendre sur place dès l'aube" mardi pour "faire obstacle" aux forces de l'ordre. "Nous appelons à des mobilisations et réactions déterminées partout ailleurs en France", ont-ils ajouté dans un communiqué. Lundi soir, des milliers de personnes ont manifesté leur soutien dans plusieurs villes, notamment à Nantes et à Paris.
L'opération de grande ampleur lancée lundi matin prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels. Les forces de l'ordre seront déployées "le temps de s'assurer que la phase de stabilisation soit bien entamée", que "la déconstruction ait lieu et que le déblaiement de cette zone soit mis en œuvre", a insisté le général Lizurey.
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