Mort d'Émile : pourquoi la famille est au cœur du soupçon ?

Mardi 25 mars 2025, peu après six heures du matin, trois voitures de gendarmeries s'arrêtent devant une belle maison aux volets vert pâle dans le village de La Bouilladisse, à une trentaine de kilomètres de Marseille. C'est celle de Philippe et Anne Vedovini, les grands-parents maternels du petit Émile Soleil, âgé de deux ans et demi au moment de sa disparition en 2023. Ils avaient la garde de l'enfant qui venait tout juste d'arriver dans leur maison de vacances, en pleine nature sauvage. 

Il était environ 17h30 ce 8 juillet quand Émile s'est évaporé. Selon le grand-père, il jouait devant la maison. Philippe Vedovini déchargeait le coffre de sa voiture, du matériel pour la construction d'un parc à chevaux. Le petit-fils lui aurait faussé compagnie en une poignée de minutes.

À l’époque, les grands-parents sont naturellement les premiers à être entendus comme témoins. Mais c'est une tout autre configuration judiciaire qui les attend. Ils apprennent qu'ils sont placés en garde à vue pour "homicide volontaire et recel de cadavre". Deux des dix enfants du couple sont également placés en garde à vue.

Une garde à vue très médiatisé

L'incrimination en cours laisse entendre qu'au moins deux personnes pourraient être impliquées : une ayant donné la mort à l'enfant, une autre ayant aidé à cacher le corps. Le meurtrier ne peut pas être le receleur. L'incrimination est toujours susceptible d'évoluer, voire d'être abandonnée si les gardes à vue ne donnent rien.

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"Compte tenu de la médiatisation de cette affaire, j’ai du mal à penser que cette garde à vue soit uniquement une occasion pour les gendarmes de "fermer une porte". C'est-à-dire de dire, on purge cette piste et terminé", souligne Damien Delseny, rédacteur en chef adjoint au Parisien/Aujourd'hui-en-France pour L'Heure du crime au micro de RTL. 

L'enquête n'a en fait jamais cessé. Après la découverte du crâne d'Émile, elle s'est même accélérée. Les écoutes téléphoniques se sont multipliées pour toucher le plus de monde possible dans le cercle familial. Des conversations qui auraient parfois fait apparaître des dissensions, voire des interrogations chez certains. 

Les gendarmes se sont longtemps demandés si un secret de famille pourrait expliquer la disparition et la mort du petit Émile Soleil. C’est ainsi qu’ils se sont intéressés au parcours du grand-père de l'enfant, Philippe Vedovini, un ostéopathe de 59 ans.

Le profil du grand-père

Dès les premiers jours de la disparition, la possibilité d'un geste violent sur l'enfant, une gifle ou une bousculade, avait pourtant été évoquée. Mais sans jamais être étayée. Philippe et Anne Vedovini ont toujours exclu toute brutalité sur leur petit-fils. 

Étienne Baudu, journaliste et correspondant RTL à Marseille a beaucoup discuté avec les habitants du village. Une femme lui a raconté un incident violent impliquant le grand-père et ses enfants : "C'était il y a quelques années, le plus grand avait dix ans, et plus petit trois ans. Ils sont arrivés en retard dans le village et le grand-père les a réprimandés. Ce n'est pas l'éclate, me dit elle, car elle a vu le grand-père donner des coups de poings aux enfants." 

Au détour des vérifications, et selon des témoignages, le grand-père apparait comme un homme très autoritaire, voire tyrannique. Il est ainsi cité dans une affaire de violences et d'agressions sexuelles au sein de la communauté religieuse de la Sainte-Croix à Riaumont, dans le Pas-de-Calais. Il était ici chef scout dans les années 90. Il aurait eu la main lourde avec des pensionnaires. 

Le 26 mars 2025, vers minuit et demi, la garde à vue des grands-parents d'Émile Soleil est prolongée, tout comme celle de son jeune oncle et de sa jeune tante.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Étienne Baudu, journaliste et correspondant RTL à Marseille. 

- Damien Delseny, rédacteur en chef adjoint au Parisien/Aujourd'hui-en-France, chef du service police justice au Parisien.