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Michel Fourniret : les sœurs de Lydie Logé, dernière victime révélée du tueur, lancent un appel à témoins sur RTL

DOCUMENT RTL - La famille de Lydie Logé, une jeune femme de 29 ans disparue dans l’Orne en 1993 et douzième victime présumée de Michel Fourniret, appelle sur RTL tous ceux qui ont pu voir ou entendre quelque chose à se manifester.

Une photo de Lydie Logé en 1993 au moment de sa disparition, confiée par ses sœurs pour aider l'enquête
Crédit : DR
FOURNIRET - Les sœurs de Lydie Logé, probable 12e victime identifiée, sont les invitées de Amandine Bégot
00:07:47
FOURNIRET - Les sœurs de Lydie Logé, probable 12e victime identifiée, sont les invitées de Amandine Bégot
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Thomas Prouteau & Amandine Bégot
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Comment la route de Michel Fourniret a-t-elle pu croiser celle de Lydie Logé, le 18 décembre 1993, alors que la jeune femme de 29 ans rentrait de ses courses de Noël à Argentan ? Qui a vu ou entendu quelque chose à Saint-Christophe-le-Jajolet, petit village de l’Orne de 240 habitants où elle vivait dans une maison isolée ? Comment et où l’Ogre des Ardennes a-t-il pu enterrer le corps, s’il s’avère qu'il est bien le meurtrier ? Qui pourrait révéler, presque trente ans après, le détail à même de résoudre enfin ce cold-case

Ce sont les questions qui hantent les sœurs de Lydie Logé depuis que le tueur en série, décédé, a été mis en examen en décembre 2020 pour "enlèvement et séquestration suivie de mort", à la suite de la découverte de traces d’ADN dans un de ses véhicules par la police judiciaire. Lydie Logé est alors devenue la douzième victime présumée de Michel Fourniret, un homme condamné de son vivant à la perpétuité incompressible pour huit meurtres et assassinats entre 1987 et 2001, et mis en examen avant son décès pour trois autres, dont celui d’Estelle Mouzin.


"On cherche à savoir comment ça s’est passé, on veut retrouver notre sœur", témoignent sur RTL Sophie et Virginie Logé, 54 et 48 ans, la gorge serrée par l’émotion d’évoquer à la radio leur sœur disparue pour la première fois. "Il y a des gens qui ont vu ou qui ont entendu, qu’ils n’aient pas peur de parler, il n’y aura pas de représailles, même un petit détail de rien du tout ça peut nous guider." 

Depuis longtemps, les deux Normandes ont remisé toute illusion : "On sait bien qu’on ne va pas la retrouver vivante mais dites-nous, parlez, on a besoin de savoir." L’hypothèse d’un départ volontaire a toujours été inconcevable pour les sœurs, car Lydie Logé a disparu soudainement, laissant un fils de 7 ans dont elle partageait la garde avec son mari, après la séparation du couple quelques mois plus tôt. Des gendarmes ont brièvement entendu le mari en garde à vue le lendemain des faits mais il n’a plus jamais été inquiété.

Avec leur avocate, Corinne Herrmann, et l’appui de la doyenne du nouveau pôle cold case de Nanterre, la juge Sabine Kheris, spécialiste des dossiers Fourniret-Olivier, les sœurs Logé et leur mère se sont convaincues ces dernières semaines que seul un appel à témoins national pourrait réveiller les mémoires et faire surgir ce " détail" tant attendu. Jusqu’ici elles ne s’étaient exprimées qu’une seule fois, dans le journal Libération, en 2021.

L’appel est accompagné de plusieurs clichés, deux photos de Lydie Logé juste avant sa disparition présentée ci-contre, et un du couple Fourniret-Olivier en 1992. 

Toute personne pensant avoir vu ces personnes, ensemble ou séparément, à cette époque, est invitée à contacter la justice (voir les détails en bas de l'article).  

Lydie Logé en 1993

Un autre portrait de Lydie Logé au moment de sa disparition confiée par ses proches
Crédit : DR

L’appel des sœurs Logé vise autant l’avant que l‘après 18 décembre 1993. Avant, c'est-à-dire pendant les derniers mois de l’année 1993, tout ce qui touche à la vie de Lydie leur apparaît important : les souvenirs enfouis de ses collègues de l’Institut rural d’éducation et d’orientation d’Argentan, où la jeune femme travaillait comme documentaliste jusqu’à sa disparition, les témoignages de ses amis et de ses relations, en particulier si certains sont restés inconnus de la famille, les choses vues ou entendues par ses voisins et tues jusque-ici, pour toutes les raisons possibles. 

Avait-elle confié des craintes, des inquiétudes ? Avait-elle évoqué un couple qu’elle aurait rencontré, qui lui aurait donné rendez-vous ? A-t-elle été vue en présence d’un homme et d’une femme dont les visages se rapprochent de ceux du couple Fourniret ? Les différentes enquêtes menées depuis 30 ans n’ont pas comblé les vides, loin de là.

Les Fourniret en 1992

Michel Fourniret et Monique Olivier en 1992, un avant la disparition de Lydie Logé
Crédit :

L’autre volet, c'est le tueur et sa complice : ont-ils été vus dans la région, notamment au volant d’un de leurs véhicules, le C15 blanc de Fourniret ou la 405 familiale couleur sable ? Des tentatives d’enlèvements ont-elles eu lieu sans être rapportées aux forces de l’ordre ?

"Michel Fourniret et Monique Olivier étaient assez forts pour créer des liens, nouer des relations dans les lieux où ils passaient, en vue de leurs crimes futurs", rappelle Corinne Herrmann. Pour elle, la présence du couple dans les environs d’Argentan à cette époque ne fait aucun doute : "Ils partaient de Belgique pour se rendre à Nantes plusieurs fois par an, pour voir le père de Monique, ils allaient à Quimper également ; ils pouvaient prendre des routes très improbables car Fourniret aimait bien les petites routes ; justement parce qu’il pouvait rencontrer des victimes, aussi bien des adolescentes que des jeunes femmes d’ailleurs : Le trajet passait forcément par là". 

Si l’avocate pense que leurs passages ont pu laisser des souvenirs, même après 30 ans, c’est parce que l’histoire criminelle du duo maléfique, disséquée par plusieurs cours d’assises, montre que le couple aimait repasser régulièrement à certains endroits, notamment près de certains monuments où lieux d’intérêts. Les époux avaient des habitudes, dont certaines plus triviales comme... les supermarchés Cora.

Pour les heures et les jours qui suivent la disparition, fin 1993 début 1994, les sœurs Logé en appellent enfin aux souvenirs d’évènements inhabituels des habitants du secteur. Comme, par exemple, un véhicule garé de façon inhabituelle dans un champ voisin. "Fourniret a dû laisser son corps quelque part, suppose Virginie Logé, quelqu’un a peut-être vu quelque chose, une camionnette… un détail". Ou même entendu un cri, qui sait.

À écouter

L'INTÉGRALE - Monique Olivier : l'âme damnée de Michel Fourniret
00:40:14

"On n’oubliera jamais"

"On a ça dans la tête tous les jours, c’est un cauchemar", souffle Sophie Logé au micro de RTL. La grande sœur tremble de colère quand elle se remémore la réaction d’un gendarme dans les premières heures après la disparition : "Vous savez, elle est majeure, les femmes sont volages". "On n’oubliera jamais, on ne laissera jamais tomber", lâche-t-elle. Si de nouveaux témoignages émergent, espèrent les sœurs Logé, cela permettra d’orienter peut-être des recherches et des fouilles pour retrouver le corps.

L’autre enjeu de l’appel à témoins pour le pôle cold-case du tribunal de Nanterre, c'est le renvoi aux assises. Michel Fourniret est décédé en mai 2021 mais Monique Olivier, son ex-femme et éternelle complice de ses crimes, est toujours poursuivi dans l’affaire. Pour être renvoyé, le dossier doit être consolidé, le scénario criminel étayé, au-delà des indices dont dispose déjà la justice et qui ont conduit à la mise en examen du duo maléfique.

Une confirmation de l'ADN en 2022

Ce qui fonde la conviction des sœurs Logé, de leur avocate, et du pôle cold-case, c’est d’abord la trace ADN de Lydie identifiée dans les scellés Fourniret, un "choc énorme" quand les sœurs l’ont appris par la presse en 2019. L’ADN a été extrait d’un "élément pileux" retrouvé sur un tapis de sol du fourgon du tueur en série au cours d’une vaste recherche des victimes potentielles du tueur en série alors lancée par l'Office central de répression des violences à la personne (OCRVP) de la police judiciaire, à partir des traces inconnues identifiées dans les scellés Fourniret. L’empreinte génétique d’abord matchée à deux reprises avec celle de la mère de Lydie Logé. Puis avec celle de Lydie elle-même d’après les informations de RTL, lors d’une nouvelle expertise ordonnée en 2022, grâce à un ADN collecté sur un des objets personnels de la jeune femme. Avec un taux de certitude de 99,5% selon l’expert.

À l’ADN s’ajoute les aveux partiels de Michel Fourniret lors de la garde à vue qui a précédé sa mise en examen. À plusieurs reprises, il évoque face aux policiers de l’OCRVP (l'office central pour la répression des violences aux personnes) de la police judiciaire un visage "qui ne lui est pas inconnu". Puis, il mime un geste d’étranglement et lâche cette phrase sibylline, typique son jeu pervers avec enquêteurs et magistrats dans tous les dossiers : "Je ne vois personne d’autres que moi" pour avoir mis fin à la vie de Lydie Logé. "Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce qu’il a dit peut paraître fragile, souligne maître Corinne Herrmann, qui a décortiqué tous ses crimes depuis 25 ans. Mais quand on connait Michel Fourniret, ce qu’il a dit en garde à vue est sans appel, quand il nous parle de cette façon-là, il sait déjà de qui dont il parle, il attend juste qu’on aille plus loin". Son décès n’en a pas sans doute pas laissé le temps.

Au delà des doutes

Le dossier n’est pas exempt d’incertitudes à lever pour les juges du pôle cold-case et les policiers de l'OCRVP, en charge de l'enquête. Le fourgon C25 où a été retrouvé l’ADN a été acheté en 1996 par Michel Fourniret, trois ans après la disparition de Lydie Logé : "Il gardait tout, balaye Corinne Herrmann, il a dû transférer le tapis et les coussins de son ancienne camionnette dans son fourgon. Absolument rien d’autre ne permet d’expliquer la présence de cet ADN à cet endroit." 

Autre interrogation, une facture établie par le tueur en série sur un chantier en Belgique, le jour de la disparition, le 18 décembre 1993, qui le place loin des faits. Mais le tueur en série a montré qu’il savait se constituer des alibis, c’est d’ailleurs le cas dans le dossier Estelle Mouzin. Et quelques heures de trajet seulement le séparait de Saint-Christophe-le-Jajolet, une distance qu’il aurait pu parcourir dans l’après-midi.  

"C’est vraiment un cri de désespoir de la famille, c’est un appel au secours de la famille", conclut Corinne Herrmann, si vous avez vu quelque chose, parlez".

Appel à témoins : Lydie Logé conduisait une Polo VW blanche à l’époque des faits en 1993. Le couple Fourniret un fourgon C25 Citroën ou une 405 couleur sable mais aussi d’autres véhicules. Si vous avez vu Lydie Logé ou le couple Fourniret, ensemble ou séparément, dans les environs d’Argentan dans les derniers mois de l’année 1993, ou si vous vous souvenez d’un évènement inhabituel survenu dans la région à cette époque, notamment des tentatives d’enlèvement avortées et non rapportées aux forces de l’ordre, vous pouvez envoyer vos témoignages sur le mail suivant : temoignages.coldcase.tj-nanterre@justice.fr. Ils seront traités par la juge en charge du dossier.

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