Meutre de Mihaela Miloiu : comment les enquêteurs ont réussi à identifier l'inconnue du Frasnois

Jeudi 15 décembre 2016, deux bûcherons qui viennent marquer des arbres dans une forêt du Frasnois, dans le Jura, font une macabre découverte. Devant eux, gît un corps de femme entièrement dénudé et recouvert de feuilles mortes. La victime, complètement défigurée, porte de nombreuses blessures au cou : vingt-six perforations par arme blanche sont dénombrées. "Le ou les auteurs ont tout fait pour qu'elle ne soit pas identifiable", dit le procureur de Besançon. Les gendarmes diffusent alors le visage de « l'inconnue du Frasnois » reconstitué par un logiciel. 

Ce n'est que six mois après la découverte du corps de l’inconnue que les autorités suisses alertent de la disparition d'une jeune prostituée roumaine, évaporée le 30 novembre 2016. À l'époque, une habitante de Sullens, dans le canton de Vaud, a trouvé en bordure d'un chemin, un sachet de préservatif ainsi qu’une carte d'identité roumaine au nom de Mihaela Miloiu, 18 ans. Sur la chaussée, il y avait une grande tache de sang. Un morceau de bitume est alors découpé pour être analysé : de l'ADN de l'inconnue du Frasnois est bien retrouvée. 

Mais à qui appartient l'ADN masculin retrouvé sur la scène de crime ? Le soir où Mihaela Miloiu a disparu, un seul homme a été hospitalisé pour une coupure au couteau dans le Jura, un dénommé Alexandre Verdure, 29 ans. Ce père de famille est donc interpellé. Il explique s'être blessé après avoir percuté un chevreuil sur la route. Pas de quoi convaincre les enquêteurs, il est mis en examen pour meurtre.

Quel mobile ?

Deux mois après sa mise en examen, Alexandre Verdure reconnait une relation tarifée avec Mihaela Miloiu, mais il ne l'a pas tuée. Ce soir-là, il est intervenu pour porter secours à Mihaela aux prises avec un client violent. Il raconte avoir ensuite accompagné la jeune fille dans un petit chemin, lorsque des inconnus ont débarqué. Ils ont tué cette femme avec un couteau, puis l’ont menacé. L’accusé dit avoir mis le corps dans le coffre. "Mon but était de l'emmener à la gendarmerie de Mouthe où je connais des gendarmes de haute qualité, affirme-t-il. Mais passé la frontière, j'ai paniqué, j'ai fui". Alexandre Verdure est condamné une première fois à vingt ans de prison, puis à trente ans, après avoir fait appel. 

À écouter aussi

L'heure du Crime

L'INTÉGRALE - Françoise Pernin : le mystère de la mobylette rouge

20/10/2025 à 15:00 - 41m34s

Mais quel est le mobile ? "Il y a plusieurs hypothèses. On sait que les filles avaient pour consignes de voler les clients. Est-ce qu'elle a essayé de voler le téléphone d'Alexandre Verdure, son portefeuille ? Peut-être que ça l'a mis hors de lui, interroge le Major Dominique Hennequin, gendarme à la Section de recherches de Besançon, qui a mené l’enquête. Est-ce qu'elle s'est moquée de lui ? Ou peut-être que le fait d'être complètement isolé sur ce chemin en pleine nature lui a donné un sentiment de puissance. J'ai toujours pensé que des coups de couteau porté au cou, c'était uniquement pour faire souffrir la victime." 

Lundi 18 octobre 2021, Alexandre Verdure se pourvoit en cassation après sa deuxième condamnation. Demande rejetée. Ses avocats envisagent de saisir la Cour européenne des Droits de L'Homme, dénonçant une erreur judiciaire.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Major Dominique Hennequin, gendarme à la Section de recherches de Besançon, a mené l’enquête.
- Samuel Goldschmidt, journaliste, correspondant RTL dans le Grand Est qui suivi cette affaire.