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Photo d'illustration
Crédit : Julen Rey Azcona / Unsplash
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Pascal Lafolie est un véritable chasseur de l'ombre. Un criminel dont le modus operandi se répète en boucle. Et Nadège Desnoix, une lycéenne de 17 ans, n'a hélas pas échappé à la règle. Cette affaire, longue de plus de trois décennies, a éclairci de nombreuses zones grises sur le parcours du tueur.
Mercredi 25 mai 1994, un habitant de Château-Thierry qui emprunte le raccourci entre l'avenue de Soissons et l'avenue de Champagne, stoppe net dans sa marche. En bordure de sentier, sous les arbres touffus et les feuillages, il y a un corps allongé en chien de fusil. Le buste et le cou sont couverts de sang. La victime est une adolescente. Un cartable en cuir noir, est retrouvé dans les taillis. Les cahiers sont au nom de Nadège Desnoix, une élève de première.
L'enquête de police ne mène à rien. "On va partir d’une idée folle, de savoir comment la victime a bien pu faire pour que cela lui arrive. On va chercher toutes les fausses notes dans son personnage", déplore Me Gérard Chemla, avocat des frères et sœurs de Nadège Desnoix.
Il faut attendre le mois d'octobre 2021 pour que l'analyse d'un chouchou appartenant à la malheureuse permette de remonter jusqu'à Pascal Lafolie, précédemment condamné pour agression sexuelle sur une mineure et pour un viol sur une femme de 21 ans.
Hiver 2021, Pascal Lafolie est interpellé par les forces de l'ordre. Il avoue immédiatement avoir tué l'adolescente mais a quelque peu perdu la mémoire. "Cela fait des années et j'ai du mal à me rappeler. Mais je vois l'endroit où cela s'est passé, je le vois très bien", explique-t-il. "Pour lui, les victimes n’ont pas de visages et sont substituables", indique Julien Assailly, journaliste pour le quotidien L'Union, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Quelques mois plus tard, Pascal Lafolie revient sur ses déclarations. Il argumente en évoquant une erreur du laboratoire sur l'analyse ADN du chouchou de la lycéenne. Son frère, Franck, aujourd'hui décédé, serait l'auteur du crime. Les analyses ADN sont sans équivoque. Franck Lafolie n'a pas agressé Nadège Desnoix.
Le juge d'Amiens demande le renvoi de Pascal Lafolie devant une cour d'assises. Un expert psychologue parle d'un individu à la conduite déviante qui a une composante perverse. Le profil du suspect intéresse alors beaucoup les magistrats du pôle des cold cases à Nanterre. Depuis janvier 2023, son parcours criminel est étudié de près. Afin de savoir s'il ne pourrait pas être impliqué dans d'autres meurtres.
J'ai lu tous les rapports des médecins, ça a été vingt-sept années de combat, le combat de ma vie.
William Desnoix, le frère de Nadège Desnoix
Lundi 22 septembre 2025, Pascal Lafolie, 58 ans, pénètre dans le box des accusés de la cour d'assises de l'Aisne, à Laon. Il n'aborde pas le meurtre de Nadège Desnoix. Sa première compagne, avec qui il a eu deux enfants, témoigne : "Pascal Lafolie a un double visage, il peut être ange ou démon", dit-elle. L'ex-compagne raconte le jour où il l'a plaquée sur le lit, arraché sa culotte et s'est jetée sur elle. Une des victimes de Lafolie, âgée de 14 ans en 1994, raconte comment il l'a attrapée en lui plaçant un couteau sous la gorge pour l'obliger à faire une fellation.
Le deuxième jour du procès, une commissaire de police fait sensation. Elle se dit ainsi convaincue que Pascal Lafolie a tué Nadège Desnoix et ajoute que cette affaire présente "énormément de similitudes" avec un meurtre non élucidé, celui de Karine Leroy. Une lycéenne de 19 ans retrouvée en 1994 - année de la mort de Nadège - étranglée en lisière d'un bois de Montceaux-lès-Meaux, en Seine-et-Marne.
Jeudi 25 septembre 2025, Pascal Lafolie est condamné à 30 ans de prison pour le meurtre de Nadège Desnoix. Une victoire ? Pas vraiment. La juridiction française pourrait lui permettre d'être bientôt libre. "Cet homme est toujours dangereux, il va sortir très vite. Sur le papier, il a déjà fait 23 ans de prison. Avec une réduction de peine pour bonne conduite, il sera dehors dans les deux à trois ans qui viennent", estime Me Gérard Chemla. Et cela en dépit de l'abnégation sans faille de la famille de Nadège dans cette affaire. "J'ai lu tous les rapports des médecins, ça a été vingt-sept années de combat, le combat de ma vie", confie William Desnoix, le frère de la victime.
Si vous avez la moindre information à communiquer au sujet de cette affaire criminelle, contactez l'adresse suivante : temoignages.coldcase.tj-nanterre@justice.fr
- Me Gérard Chemla, avocat au barreau de Reims représentant les frères et sœurs de Nadège Desnoix.
- Julien Assailly, journaliste pour le quotidien L'Union ayant suivi le procès de Pascal Lafolie pour le journal.
- William Desnoix, frère de Nadège Desnoix.
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