"J'ai soif de sang". Abattu par les forces de l'ordre après avoir tué au nom de Daesh un commandant de police et sa compagne, lundi 13 juin dans un pavillon de Magnanville (Yvelines), Larossi Abballa faisait déjà part en 2011 de sa volonté de passer à l'acte, selon plusieurs sources policières. À l'époque, le jeune homme avait été interpellé pour son implication dans une filière jihadiste pakistano-afghane. Car avant de plonger la France dans l'émoi en décimant une famille et en rendant orphelin un petit garçon de trois ans, retrouvé sain et sauf sur les lieux du drame, ce jeune Français de 25 ans a attiré l'attention des services antiterroristes français.
Né à Meulan-en-Yvelines le 28 mars 1991, musulman pratiquant, Larossi Abballa se fait d'abord connaître des services de police pour des faits de mineurs de petits larcins. Il n'a que 20 ans lorsqu'il est arrêté en mai 2011 avec des amis des Mureaux et de Mantes-la-Jolie. Il fait alors partie d'une cellule qui recrute des candidats cherchant à s'entraîner au combat au Pakistan et en Afghanistan. Deux membres de cette filière sont d'ailleurs arrêtés à leur descente d'avion à l'aéroport de Lahore, où ils comptaient rencontrer un responsable d'Al-Qaïda, selon le juge Marc Trévidic qui a mis en examen le meurtrier.
En détention provisoire pendant deux ans et demi, du 14 mai 2011 au 30 septembre 2013, le néo-jihadiste aux cheveux longs et à la petite barbe se fait remarquer pour son radicalisme religieux et son prosélytisme. Il est d'ailleurs transféré de prison à plusieurs reprises et fait l'objet de rapports d'incidents pour avoir détenu des portables ou pour avoir tenté d'escalader un grillage. Fin septembre 2013, il est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans d'emprisonnement, dont six mois ferme, pour association de malfaiteurs terroristes. Une peine qui a pour conséquence sa libération immédiate, bien qu'elle soit assortie d'une mise à l'épreuve.
Remis en liberté, le jeune homme s'installe à Mantes-la-Jolie, près de ses parents, et montre une petite entreprise de livraison nocturne de sandwiches halal, Doctor Food. Il vit seul, sans compagne connue, et poste régulièrement sur les réseaux sociaux des vidéos en lien avec la religion.
Bien que libre, Larossi Abballa est écouté à plusieurs reprises sur ses lignes téléphoniques par les services de renseignement. Le procureur de Paris, François Molins, précise cependant que "ces interceptions n'avaient pas mis à ce jour le moindre élément permettant de déceler la préparation d'un passage à l'acte violent". Rien qui ne pouvait donc permettre une interpellation. Ce qui est certain cependant, c'est qu'il avait gardé des relations avec d'autres hommes de la mouvance radicale depuis sa sortie de prison.
Lorsqu'il passe à l'acte, lundi 14 juin vers 21 heures, Larossi Abballa sait très clairement