Un homme, inquiet pour sa mère, a porté plainte après l'avoir vue s'envoler en Côte d'Ivoire, victime, selon lui, de brouteurs. Marie-Josée, 82 ans, est partie en septembre dernier pour rejoindre celui qu'elle a rencontré en ligne, un jeune Ivoirien, pour vivre une histoire d'amour.
Son fils n'y croit pas, à cause de la différence d'âge, ce jeune Ivoirien n'a que 28 ans, mais surtout par la méthode employée par ce dernier. Un simple message sur Facebook avec Marie-Josée qu'il n'a jamais croisé ou rencontré de sa vie, et une discussion qui se poursuit sur Messenger.
"Ma mère était hypnotisée par sa tablette sur laquelle elle échangeait constamment avec cet homme, raconte-t-il. Elle est finalement tombée dans ses filets". Alors, il a tenté, mais sans succès, de lui expliquer qu'elle est tombée sur ce qu'on appelle un brouteur, un escroc depuis un pays étranger, en l'occurrence la Côte d'Ivoire, qui joue sur les sentiments, fait croire à une belle histoire d'amour pour soutirer de l'argent à sa victime.
"Si je dois vous donner une typologie de plateforme phare, c'est les réseaux sociaux, Marwan Ouarab, lui-même ancien escroc, qui vient aujourd'hui en aide aux victimes. Mais ça peut très bien arriver sur un site de rencontre, ça peut très bien arriver sur Le Bon coin... Ils jouent sur les sentiments et sur le gain de confiance, c'est toute cette phase de gain de confiance qui va leur servir à parvenir à leur fin et à voler de l'argent".
Dans le cas de Marie-Josée, ce gain de confiance s'est conclu par un vol direct en septembre pour Abidjan, pour vivre avec son brouteur présumé. Et cette histoire d'amour lui coûte cher : près de 100.000 euros selon Xavier, le fils de Marie-Josée.
Il dit constater au fur et à mesure des courriers qui s'accumulent dans la boîte aux lettres de sa mère, à laquelle il a accès, des relevés de comptes où l'argent fond comme neige au soleil, des factures pour des achats, des attestations de virements vers des comptes ivoiriens, des prélèvements et aussi des tentatives de débloquer son assurance vie.
"Ils commencent toujours petit, ça c'est une certitude, explique Marwan Ouarab. Mais par contre, ça prend tout de suite des proportions très conséquentes. En fait, du moment que la personne règle une seule fois, l'escroc ou le brouteur sait qu'il a une emprise sur la victime. Donc il va commencer à réitérer ses demandes, toujours en trouvant des excuses plus convaincantes les unes que les autres".
Ce phénomène des brouteurs fait écho à d'autres histoires similaires. L'affaire d'une quinquagénaire qui pensait en début d'année discuter directement avec Brad Pitt a fait couler beaucoup d'encre. L'arnaqueur avait fini par soutirer 800.000 euros à sa victime.
Le profil des victimes est souvent le même : des femmes âgées ou des hommes âgés, très souvent des personnes qui sont en situation de divorce, qui ont vécu un décès dans leur famille, des gens qui traversent une période difficile.
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