Lynchage à Paris : ces jeunes "ne perçoivent plus la gravité de leurs actes", dit une psychiatre
INVITÉE RTL - "Les adolescents en grande souffrance peuvent utiliser, concevoir, penser la violence comme un jeu", précise le docteur Marie Touati-Pellegrin, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent.

Dix jours après le passage à tabac de Yuriy, 15 ans, dans le quartier Beaugrenelle à Paris, l'enquête patine et ses agresseurs sont toujours en fuite. À coups de pieds, de poings, de bâtons, une dizaine de jeunes encapuchés ont lynché l'adolescent avant de l'abandonner gisant au sol. Des policiers ont confié à RTL qu'il n'y a pas plus de bagarres dans la capitale qu'il y a 20 ou 30 ans, mais que celles-ci sont plus brutales, ce que confirme Dr. Marie Touati-Pellegrin, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent.
Selon les chiffres de la préfecture de police, "il semblerait qu'il y ait moins de bandes rivales en ce moment dans Paris, qu'elles commettent moins d'actes violents, mais qu'effectivement ces derniers sont beaucoup plus forts, beaucoup plus agressifs, beaucoup plus violents ces derniers temps", indique le docteur qui explique que "les adolescents en grande souffrance peuvent utiliser, concevoir, penser la violence comme un jeu".
Dans la notion de bande, il y a aussi la notion de territoire
Dr. Marie Touati-Pellegrin - psychiatre de l’enfant et de l’adolescent.
"En l'absence de repères en termes de normes sociales, la règle et la norme du groupe prend le dessus sur la norme de la société et finalement c'est la loi du plus fort qui s'exprime", précise Dr. Marie Touati-Pellegrin avant d'ajouter : "Ça a comme conséquence une sorte de distorsion de la réalité avec des jeunes qui ne perçoivent plus la gravité de leurs actes".
La psychiatre rappelle que "dans la notion de bande, il y a aussi la notion de territoire dans le sens où la bande se définit notamment et très fortement par le lieu où elle se développe". Ainsi, Dr. Marie Touati-Pellegrin conseille de leur "montrer autre chose, puis les aider à penser, leur quartier, leurs désirs et leur donner des responsabilités". "Quand on permet à un jeune de s'insérer dans son territoire autrement que par la violence il y a une façon d'investir les lieux de façon plus positive", conclut-elle.
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