La vie de Joël bascule en moins d'une seconde. En 2022, ce policier en poste depuis 30 ans dans le sud est blessé lors d'un refus d'obtempérer. Une voiture remplie de voleurs armés qui viennent de commettre un cambriolage refuse de s'arrêter à un contrôle de police.
Les fuyards roulent vite, 90km/h en pleine ville. Quelques mètres plus loin, Joël et son collègue sont postés dans leur véhicule de police en travers de la route sur un rond-point :
"On était dans le bon sens de circulation, donc on pensait que dans le rond-point, ils allaient nous éviter, passer sur le côté pour pouvoir prendre la fuite, bien sûr, puisqu'on leur avait laissé une échappatoire. Et au lieu de ça, ils sont arrivés à vive allure et nous ont pris à pleine face."
Joël poursuit et détaille la violence du choc : "La voiture est partie dans le rond-point. On a pris 15 ou 20 mètres de recul. Moi, j'ai perdu connaissance, mais très peu de temps, 10 secondes. Et puis quand je me suis réveillé, j'ai vu que les vitres étaient toutes cassées. Je me suis dit : 'je n'ai plus le moyen de me défendre, je n'ai plus mon arme'".
Deux ans plus tard, le policier se remémore précisément la terreur qu'il a ressentie : "Et si les individus descendent et viennent nous tirer dessus, on est foutu. J'ai pensé bien sûr à ma famille, à ma copine, à mes enfants. Il y a tout qui défile."
Touché aux côtes et aux cervicales, il reprend le travail quatre mois plus tard. Il a depuis été affecté dans une autre ville. Son collègue, lui, est plus gravement blessé. Il est traumatisé et n'a toujours pas retrouvé le terrain deux ans après les faits.
Il est parfois très difficile d'agir, mais parfois, ils n'ont pas d'autre choix pour sauver leur vie. Laurent est policier en Ile-de-France, les refus d'obtempérer sont quasi quotidiens.
Lors d'un de ses derniers contrôles routiers, la situation a dégénéré : "Je suis en police secours et je contrôle le conducteur d'un poids lourd qui, lors de mes injonctions, donne un coup de volant dans ma direction pour me percuter. Je dois mon seul salut au fait que je saute sur le marchepied du camion."
Dans un cadre légal très restreint, notamment lorsqu'ils sont en état de légitime défense, les policiers peuvent utiliser leur arme, mais cela arrive très rarement, dans moins de 1% des cas, selon la direction générale de la police nationale. Ils peuvent également suivre le véhicule jusqu'à une certaine limite. La salle de commandement leur demande bien souvent d'arrêter lorsque cela devient trop dangereux.
Selon les statistiques, il y a un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes, parfois pour des raisons totalement futiles. Lors de l'intervention de Laurent, le conducteur du camion a fui, car il était au téléphone et il n'avait pas mis sa ceinture de sécurité.
Le policier développe les différents cas possibles : "On peut tourner sur du défaut d'assurance, du défaut de permis de conduire, voire un solde nul. Là, pour le camion, c'était pour une ceinture et un téléphone portable. Donc la vie humaine ne vaut pas ça, tout simplement. Ils doivent s'arrêter, c'est comme ça."
Selon les chiffres d'un rapport publié cette année par le service statistique du ministère de l'Intérieur, un refus d'obtempérer sur cinq met directement en danger la vie d'une ou plusieurs personnes.
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