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Affaire Jordan Lénisa : l'énigme du chalet sanglant
PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur l'affaire Jordan Lénisa. À l'été 2012, dans un village de Savoie, ce jeune homme issu d'un milieu aisé se retrouve accusé d'avoir tué son père et ses deux frères de 7 et 17 ans. Quels sont les motifs de ce carnage qui ressemble à un excès de folie ?
Jordan Lénisa a tué son père et ses deux frères en 2012.
Crédit : JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
Jeudi 26 juillet 2012, un jeune homme à bout de souffle pousse la porte de la gendarmerie de Bozel, petite commune à un quart d'heure de la station de ski de Courchevel. Il vient de voir sa voisine, Murielle Lénisa, sortir à toute vitesse de son chalet, le visage en sang. Elle criait que son fils Jordan avait "tué tout le monde".
Sur place, les pompiers tombent sur Jordan Lénisa, 23 ans, du sang sur ses avant-bras. Il déclare spontanément : "J'ai fait une bêtise, j'ai tué mon père et mes deux frères". Les gendarmes entrent dans le chalet et découvrent le père de famille, Florent Lenisa, affalé sur sa table de travail. Il a reçu une balle de calibre 6.35 à l'arrière du crâne. Au deuxième étage, les enquêteurs trouvent le petit Victor, sept ans, étendu sur le dos sous son lit, une balle en plein front. Dans une chambre voisine, les pompiers sont au chevet de Benjamin, 17 ans. Lui aussi a reçu une balle dans le crâne.
Murielle Lénisa décrit un garçon instable, imprévisible, désœuvré, déjà soigné pour des troubles psychiatriques. Son père, riche entrepreneur, avait récemment menacé de lui couper les vivres s'il ne se mettait pas au travail. Un jour, en colère, Jordan avait menacé la famille : "Je vais vous cramer dans votre baraque de merde".
Moi je ne joue pas au Loto, je joue l'héritage
Jordan Lénisa
Fin août 2012, la mère de Jordan Lénisa, Murielle, et sa sœur, Charlène, sont interrogées par la juge de Chambéry. Un mois après les crimes, elles restent dans l'incompréhension. Selon elles, Jordan n'était pas du tout rejeté. Ses parents, et son père en particulier, faisaient tout pour l'aider et l’inciter à travailler. Charlène Lénisa évoque l'attrait de son frère pour l'argent. "Moi je ne joue pas au Loto, je joue l'héritage", lui a-t-il dit un jour. Le fils pensait-il qu'en tuant toute sa famille, son avenir financier serait assuré avec un gros héritage ?
Lundi 5 octobre 2015, Jordan Lénisa, 25 ans, apparait devant la cour d'assises de la Savoie, à Chambéry. Il explique que le jeudi 26 juillet 2012, il était "délirant total" et raconte avoir volé un pistolet dans le but premier de se suicider. Avant de songer à son père. "J'ai pensé comment il me rabaissait tout le temps, ça m'a mis une haine, confie-t-il. J'ai décidé de le tuer".
Quel est le mobile de cette tuerie ?
"Qu'est ce qui peut amener un jeune à tuer toute sa famille aussi froidement ? Il tue son jeune frère à bout portant qui lui demande 'Qu'est ce que tu fais ?' C'est quand même très surprenant. Il avait tout pour être heureux ce garçon. Mais la haine, c'est souvent le pire dans le milieu familial", soulève Jacques Dallest, magistrat et avocat général au procès de Jordan Lenisa et auteur du livre : Cold cases, un magistrat enquête, aux éditions Mareuil.
La maman, comme sa fille Charlène, ne voit qu'un mobile : l'argent. "Il voulait avoir la belle vie sans rien faire", disent-elles. Charlène lance à son frère : "Tu voulais l'héritage, mais ce que tu n'a pas compris, c'est que la plus belle richesse que tu avais, c'était ta famille". Les experts décrivent un accusé sur la crête de la maladie psychiatrique. Jordan Lénisa est condamné à vingt ans de prison, assortie d'une peine de sûreté de treize ans.
Les invités de "L'Heure du crime"
- Jacques Dallest, magistrat et avocat général au procès de Jordan Lenisa, auteur du livre Cold cases, un magistrat enquête, aux éditions Mareuil.
- Serge Pueyo, grand reporter à RTL à Grenoble dans les Alpes.
