Treize meurtres, 50 viols et 200 cambriolages, le décompte est vertigineux. On l'attribue pourtant à un seul et même homme, un Américain qui pendant une dizaine d'années, entre 1975 et 1986, a fait régner la terreur dans la région de Sacramento. Un mystérieux individu qu'on a fini par surnommer "le tueur du Golden State", le surnom donné à l'État de Californie.
Tout le monde ignore alors que criminel en question est un policier en uniforme qui, à la nuit tombée, se transforme en cambrioleur, en violeur et en tueur. Un homme agile comme un chat, qui apparait et disparait sans laisser la moindre trace. Un fantôme qui ne va cesser d'échapper à ses collègues. Il va falloir attendre 40 ans et un incroyable travail de généalogie scientifique pour interpeller ce tueur en série devenu un grand-père tranquille.
Le 19 mars 1974 dans la soirée, un officier-patrouilleur effectue sa ronde à Rancho Cordova, dans la grande banlieue de Sacramento. Rien à signaler jusqu'à ce qu'un couple signale des bruits suspects dans une maison voisine, c'est une tentative de cambriolage. Le temps que le policier arrive, l'homme s'est enfui. Dans la maison visitée, le cambrioleur a massacré un petit chien. Jeudi 11 septembre 1975, 2h du matin, un homme masqué pénètre dans une maison de Visalia, près de Rancho Cordova. Depuis trois ans, pas moins de 102 cambriolages ont été recensés dans le coin. Tous identiques : le voleur n'emporte rien de précieux.
Le cambrioleur s'intéresse aux sous-vêtements féminins qu'il dispose sur les lits pour dessiner une silhouette. Des traces de sperme ont parfois été retrouvées par les propriétaires. Le soir du 11 septembre 1975, le maniaque sexuel va plus loin. Il se jette sur Beth Snelling, 16 ans. Il tente de la bâillonner et de l'entraîner dans le jardin. Son père, le professeur Claude Snelling, est réveillé en sursaut et accourt. L'individu fait feu à deux reprises, Claude Snelling s'effondre, mort. Sa fille est frappée à la tête par l'agresseur qui s'enfuit.
Aucun rapprochement n'est ainsi effectué avec les cambriolages similaires de Rancho Cordova. C’est pourtant le même maniaque qui sévit dans les deux cas. Le 18 juin 1976, le bureau du shérif de Rancho Cordova est appelé pour un viol dans une maison de Paseo Drive. Une femme de 22 ans s'est réveillée en sursaut avec, face à elle, un homme portant une cagoule. La victime se souvient qu'il avait un pénis de toute petite taille et dégageait une odeur fétide de transpiration. Une série de viols va suivre, toujours avec la même description de l'auteur.
En trois ans, on compte déjà 18 viols et pas le moindre suspect. Au fil des mois, le violeur-tueur prend de l’assurance, multiplie les provocations et appelle certaines de ses victimes. Dans les mois qui suivent, il est saisi d'une frénésie de meurtres. Le 2 février 1978, Brian et Katie Maggiore, 21 et 20 ans, qui rentrent chez eux dans un quartier résidentiel de Rancho Cordova, sont abattus sans sommation. Les meurtres de couples et de femmes seules s'enchaînent, treize sont dénombrés au total, jusqu'à celui de Janelle Cruz, 18 ans. Elle est attaquée chez elle, à Irvine le 4 mai 1986, frappée à la tête et au visage. À partir de là, le tueur s’efface. Plus aucun crime, on va le croire mort.
Décembre 1995, onze ans après le dernier meurtre, le shérif du Comté d'Orange décide de passer en revue d'anciens cold cases à la lumière d'une récente technique qui se développe : les tests ADN. Résultat : les traces de sperme retrouvées sur les scènes de crime autour de Sacramento désignent un seul et même homme, qui est impliqué dans, au moins, dix assassinats. Impossible toutefois de savoir de qui il s'agit. En avril 2001, Paul Holes, expert de police scientifique, compare l'ADN du tueur à celui du violeur qui a fait 50 victimes dans les banlieues de Sacramento. C'est toujours le même homme qui a sévi.
Pour retrouver le meurtrier, les enquêteurs vont opter pour la généalogie. Grâce à l'ADN, ils remontent jusqu'à DeAngelo qui a été renvoyé de la police d’Auburn pour avoir volé un marteau et un répulsif pour chiens. Le dossier Joseph DeAngelo prend forme. L'homme vit toujours, il a 72 ans, père et grand-père. Il était officier de police à Auburn, au nord de Sacramento, de 1976 à 1979. Il s'est marié en 1973 et a eu trois enfants. L’année de naissance du deuxième, 1986, correspond à l'arrêt des activités du tueur.
Le 24 avril 2018, il va être arrêté. Le 29 juin 2020, Joseph DeAngelo, tenue orange de prisonnier, masque médical sur le visage, assis dans un fauteuil roulant, est jugé devant la cour criminelle de Sacramento. Il plaide coupable pour 13 meurtres, 13 tentatives de kidnapping et 50 viols.
On ne sait pas ce qu'il pense, on ne sait pas vraiment qui il est
William Thorp, journaliste et auteur du livre "L’affaire du Golden State Killer"
"La peine est toujours intacte", même plusieurs décennies après, pour les victimes, explique William Thorp, journaliste et auteur du livre L’affaire du Golden State Killer. "Elles ne s'attendaient pas à son arrestation après 42 ans. Elles essaient d'oublier, elles n'en parlent à personne. Lors de son arrestation, c'est un vieux papi, un homme qui ne fait plus peur", décrit-il.
"Ça a été un jour un père aimant, un grand-père aimant, un policier. Mais ça a surtout un jour été un violeur en série. On ne sait pas ce qu'il pense, on ne sait pas vraiment qui il est", décrit William Thorpe. "On sait qu'il est encore dangereux aujourd'hui".
- William Thorp, journaliste et auteur du livre L’affaire du Golden State Killer, aux éditions 10/18, en partenariat avec le magazine Society.
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