Xavier Dupont de Ligonnès : les "similitudes troublantes" avec l’affaire John List

En 2011, Xavier Dupont de Ligonnès disparaissait après avoir abattu et enseveli toute sa famille, son épouse, ses quatre enfants sous la terrasse de leur maison. Ce crime a peut-être été inspiré par un Américain, John List.
 
Dupont de Ligonnès a longtemps séjourné aux États-Unis, où il a pu être captivé par cette histoire où un homme, du jour au lendemain, s'évapore. Étonnant destin que celui de ce John List qui au début des années 70 fait courir le FBI. List, un comptable anonyme, est recherché pour avoir décimé tous ceux qu'il aimait, sa mère, son épouse et ses enfants. Il a disparu, totalement évanoui dans le paysage. Mais, contrairement à Dupont de Ligonnès, l'Américain sera retrouvé presque 20 ans après sa fuite alors que tout le monde le croyait mort. 

Le 7 décembre 1971, deux policiers interviennent à la villa Breeze Knoll, un manoir de 19 pièces dans lequel aucune lumière n'est allumée. Les voisins ont appelé la police, ils n'ont plus vu les propriétaires, la famille List, depuis presque un mois. Derrière un rideau, ils trouvent quatre corps disposés sur des sacs de couchage. Une lettre manuscrite adressée au pasteur et signée du père de famille, John List, se termine par ces mots : "Post-Scriptum : maman est dans le couloir du grenier, troisième étage. Elle était trop lourde à transporter".

Les légistes établissent que toutes les victimes ont été tuées par balle. "Une exécution méthodique, de sang-froid, millimétrée", se souvient le chef de la police.

John List se volatilise

John List, est en fuite et il a beaucoup d'avance. Les victimes n'ont été découvertes que 29 jours après leur exécution. Tout le monde se demande comment ce comptable effacé de 45 ans, vice-président d'une petite banque de Jersey City, toujours tiré à quatre épingles, austère et peu bavard, a pu se transformer en tueur en série. 

Il avait perdu son travail depuis quelque temps mais n'en avait parlé à personne. Après les meurtres, il a retiré à la banque tout l'argent qui restait sur le compte de sa mère Alma. Trois jours après la découverte des corps, sa Chevrolet Impala verte est retrouvée sur le parking de l'aéroport JFK à New York, mais List n'a pris aucun avion. Au fil des années, la police va toutefois établir qu'il a quitté le New Jersey en train pour le Michigan puis le Colorado, mais ici la piste se perd.

Un crime prémédité, comme Dupont de Ligonnès

En 1987, une habitante de Denver, Wanda Flavery, sursaute en lisant un magazine qui relate l'affaire. Une photo vieillie le représente sous les traits qu'il pourrait avoir aujourd'hui, à l’âge de 61 ans. La femme reconnaît son voisin, Robert P. Clark. Grâce à son témoignage, le FBI se retrouve deux ans plus tard chez Clark. Le suspect dément, mais il est trahi par deux cicatrices, derrière l'oreille et à l'abdomen, et par ses empreintes digitales. Il avouera le 16 février 1990 qu'il est bien John List.

Tout est pensé pour retarder la découverte des corps, (…) les similitudes sont troublantes

Pauline Dordilly, journaliste et réalisatrice

Lors de son voyage aux États-Unis, entre 1989 et 1990, Xavier Dupond de Ligonnès aurait pu lire cette affaire dans la journaux. Rien ne permet de l'affirmer, mais les deux histoires présentent des ressemblances troublantes. Dans les deux cas, les deux hommes ont pris beaucoup d'avance. "C'est vraiment des tueries pensées. Dans les deux cas, les acteurs des deux affaires m'ont dit : 'Je n'ai jamais vu un tel degrés de préméditation'. Tout est pensé pour retarder la découverte des corps", explique Pauline Dordilly, journaliste et réalisatrice.

"C'est pour prendre de l'avance dans la cavale. John List a 29 jours d'avance, ce qui va lui permettre de partir et de commencer à créer sa nouvelle identité. Xavier Dupont de Ligonnès a 15 jours d'avance", poursuit-elle. "Les similitudes sont troublantes. On saura si Xavier Dupont de Ligonnès s'est réellement inspiré de John List lorsqu'on le retrouvera, si on le retrouve".

Impossible de savoir s'il a pu refaire sa vie à l'image du comptable américain. "Les similitudes entre les deux affaires sont à nos yeux très troublantes" concèdent dans le journal 20 Minutes Jean-Michel Laurence et Béatrice Fonteneau, coauteurs du livre Sans pitié pour les siens, le mystère Xavier Dupont de Ligonnès. Les deux hommes qui avaient voyagé aux États-Unis avec de Ligonnès, Emmanuel Teneur et Michel Rétif, les deux proches du fugitif, n'ont jamais pu être interrogés sur le modèle John List. Ils sont décédés dans les années suivant la disparition de leur ami Xavier.

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Pauline Dordilly, journaliste et réalisatrice.
- Joe Sharkey, journaliste et auteur du livre Death Sentence : the Inside Story of the John List Murders, publié chez Open Road Media.

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