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INFO RTL - L'OFAST ouvre une cellule d'enquêteurs sur le Port de Marseille pour contrer l'importation de cocaïne
Après deux saisies de plus de 90 kg de cocaïne cachée dans deux cargaisons le mois dernier, l'Office anti-stupéfiants vient d'ouvrir une antenne uniquement dédiée au trafic par voies maritimes sur le Port de Marseille. 9 policiers auront pour mission de détecter les mouvements suspects et de renforcer l'échange de renseignements avec les douanes et la gendarmerie maritime, afin de "taper" le bon conteneur, voir la bonne valise de croisiériste.
Une vue du port de Marseille, en septembre 2021 (illustration).
Crédit : Ludovic MARIN / AFP
C'est le deuxième groupe d'enquête de ce type ouverte en France métropolitaine par l'OFAST, après celui du Havre, port industriel qui a vu les trafiquants sud-américains s'infiltrer violemment ces dernières années. Il en existe un autre dans les Antilles. Un groupe d'une dizaine d'enquêteurs va donc plancher à plein temps sur ces réseaux qui envisagent Marseille comme point de chute pour leurs cargaisons de cocaïne, il est partie intégrante des neuf groupes d'enquête de l'antenne OFAST de la cité phocéenne. Prise de contacts avec les agents du Port sur les quais et dans les bureaux, partage de renseignements avec les douanes et les gendarmes maritimes chaque mois, suivit d'enquêtes internationales ou initiatives, l'office anti-stupéfiant veut anticiper l'assaut, alors que Marseille est pour le moment un port de "seconde touche" en Europe. Toutes les enquêtes qui concernent le trafic de drogue sur le port autonome seront confié à ce groupe restreint.
Les dockers se méfient. Premières "cibles" des narcotrafiquants, les agents du port redoutent, eux aussi, d'être approchés, menacés, comme l'explique Frédéric*, docker syndiqué dont le prénom a été modifié à sa demande pour raisons de sécurité.
"Il y a un gars du syndicat du Havre qui a été enlevé, torturé et battu à mort. Nous, c'est ce que l'on craint, bien sûr que ça peut arriver ici, avec les narco-trafiquants. Ce qu'ils font, c'est horrible. La crainte est que nos jeunes, ou des personnes qui seraient tentées par de l'argent facile, fassent entrer les brebis galeuses là où il ne faut pas. Notre syndicat nous a prévenus, dire non à tout cela, quoi qu'il arrive. Tout le monde peut être approché et tenté parce qu'ils ont les moyens financiers de faire basculer une personne fragile ou dans le besoin... Pour le moment à Marseille, ça va"
Les policiers de l'OFAST pourront s'appuyer sur une "cross portuaire", cellule de renseignements opérationnelle sur les stupéfiants qui va réunir chaque mois les différentes autorités sur le Port. "On est sur une drogue qui rapporte les plus gros profits" souligne le commissaire général Philippe Frizon du SIPJ, nouvelle appellation de la police judiciaire. "Les organisations criminelles s’intéressent à l'aspect portuaire, car étant donné le niveau du fret maritime, il est impossible de contrôler tous les conteneurs qui transitent. Cette cross va permettre aux enquêteurs de recueillir un maximum d'informations. Nos trafiquants locaux montent plutôt à Paris ou Bruxelles pour acheter leur cocaïne."
La drogue qui arriverait par le Port de Marseille ne serait pas forcément destinée à la région.
P. Frizon, Comissaire général
Les flèches cocaïnées des cartels colombiens visent en effet une zone : l'Europe. Passant de Gènes à Algésiras, de Gioia Tauro en Calabre à Dunkerque ou La Rochelle. Les procureurs de 5 villes italiennes et du parquet national anti-mafia se sont réunis à Marseille la semaine dernière, accueillis par Nicolas Bessone le procureur de Marseille et une représentante de la JIRS, la juridiction interrégionale spécialisées dans la criminalité organisée. La botte reste la porte d'entrée historique de la poudre sur le continent. Objectif de cette collaboration transalpine : s'attaquer au blanchiment et monter des enquêtes communes, où des policiers français pourraient enquêter sous l'égide d'un magistrat italien.
Les grossistes travaillent déjà sur un plan B : les faux touristes aux valises suspectent se multiplient. "L'hiver, les bateaux de croisières tournent dans les Caraïbes, donc à proximité immédiate des pays producteurs et puis les bateaux rentrent faire des croisières en Europe pendant l'été et le printemps. Il n'est pas difficile pour les réseaux d'offrir des croisières. À 40 ou 50 kg par cabines, nous avons détecté que c'était aussi un mode d'importation" glisse Nicolas Bessone.
Une lutte de tous les instants dans la fourmilière portuaire, piloté par l'ex-ministre de l'Intérieur, Christophe Castener, réélu Président du conseil de surveillance du Port de Marseille-Fos en avril dernier.
