Depuis une semaine, plusieurs institutions juives de Paris - une école, une crèche, deux synagogues et le mémorial du martyr juif inconnu - ont été pris pour cible sans faire de victimes, quand survient, ce vendredi 3 octobre 1980, à 18h35, une violente explosion devant la synagogue de la rue Copernic à Paris.
Près de 300 fidèles sont rassemblés pour célébrer l'entrer en shabbat. Suivant le rituel, le grand rabbin Williams est en train de lire la prière des morts. Dehors, dix kilos de pentrite explosent tuant quatre personnes en dehors de la synagogue : un passant, un motard, le gardien du bâtiment d'en face et une journaliste israélienne en visite à Paris.
Quelque 40 blessés sont à déplorer. À l'intérieur de la synagogue, plongée dans le noir, le faux-plafond s'écroule. La rue est ravagée : des voitures sont carbonisées, des vitres ont explosé, des immeubles sont ébranlés. La communauté juive est confrontée à son premier attentat mortel depuis 1945.
Spontanément, quelques centaines de personnes se rassemblent devant la synagogue ravagée et crient "Giscard-Bonnet, complices, assassins". Ils reprochent au chef de l'État et à son ministre de l'Intérieur d'être impuissants.
Le Premier ministre Raymond Barre, avive la colère en déclarant, au micro de TF1, son "indignation" face à "cet attentat odieux qui voulait frapper des israélites qui se rendaient à la synagogue, et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic".
Une nouvelle manifestation qui rassemble des milliers de manifestants a lieu le lendemain, samedi 4 octobre, l'appel de l'organisation "Renouveau juif". Ils réclament la "démission" du ministre de l'Intérieur. Simone Veil, présidente du Parlement européen à l'époque, est prise à partie par une dizaine de jeunes qui courent vers les grilles de l'Élysée. Le 7 octobre, une manifestation contre le fascisme, le racisme et l'antisémitisme rassemble 200.000 personnes à Paris.
Les dirigeants des Faisceaux nationalistes européens (FNE) plaident leur innocence dans cette attaque alors qu'un appel téléphonique anonyme à l'AFP revendique l'attentat au nom de cette organisation d'extrême-droite, comme cela avait déjà été le cas des cinq précédents attentats antisémites.
Les investigations n'ont jamais confirmé la piste fasciste. En revanche, les enquêteurs ont fini par se concentrer sur le terrorisme palestinien. Aujourd'hui, un seul suspect : le Libano-Canadien Hassan Diab, un ancien membre du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine). Le parquet a fait appel du non-lieu dont il a bénéficié en 2018.
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