"Il faut que tu te libères" : comment le commandant Bousquet a fait avouer le violeur en série Patrick Trémeau

Des chaussures orangées et l'intuition d'un flic. L'affaire du "violeur des parkings" connaît un développement inattendu le 30 mars 1995 : ce jour-là à Paris, un dénommé Patrick Trémeau est arrêté pour un simple vol à la roulotte. Gérard Bousquet, alors directeur d'enquête, se souvient du sentiment que lui laisse le suspect. Aucun doute pour lui, cette personne est aussi à l'origine d'une série de viols non résolus dans la capitale. 

"Il se trouve que le signalement de Trémeau, il colle. Physiquement parlant, il colle tout à fait au violeur, mais en plus le violeur avait une paire de chaussures orange. C'est pas tout à fait ça, mais c'est une couleur qui se rapprochait de l'orange", explique-t-il dans Les Voix du crime. Au-delà de cette correspondance, Trémeau, en garde à vue, se débarrasse aussi d'un préservatif de la même marque que ceux retrouvés sur les scènes de crime. 

Face à un suspect sur la défensive auprès de ses collègues un peu véhéments, Gérard Bousquet choisit une approche empathique pour obtenir des aveux, allant jusqu'à poser sa main sur la sienne et à le rassurer. "Il faut que tu te libères", lui dit-il. "Et je le vois encore. Il y a eu un silence. On se regardait. (…) Il y a eu un moment de flottement, et je revois encore ses yeux qui s'embrument, deux grosses larmes qui coulent sur ses joues, et puis il me dit : 'Bon, oui, c'est moi'."

Si on n'était pas parti sur les aveux dès le départ, on est un peu coincé

Gérard Bousquet

Les aveux de Trémeau ont été déterminants. Pour Gérard Bousquet, ils sont un outil indispensable pour la justice. "Si on n'était pas parti sur les aveux dès le départ, on est un peu coincé", explique-t-il. "Et donc, à partir de là, il a fallu détailler point par point. Après, il peut revenir, il peut faire ce qu'il veut, de toute façon, c'est tellement carré que le magistrat va s'appuyer dessus."

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Patrick Trémeau reconnaît 14 viols sur les 16 qui lui sont imputés dans toute la capitale. "Des fois, c'est des petits détails, un petit détail où il ne se trouve pas dans le beau rôle. Il se trouve un peu sordide. Ça le gêne. Ça le gêne d'avouer quelque chose où il ne se sent pas bien. C'est pour ça, 14 sur 16. Mais il n'en demeure pas moins que c'était lui, pour le reste."

Après avoir été condamné à 16 ans de réclusion criminelle en 1998, Patrick Trémeau est libéré en 2005, mais récidive rapidement, ce qui conduit à une nouvelle condamnation en 2009. Aujourd'hui, le pôle cold case de Nanterre se penche sur son parcours pour vérifier s'il correspond à des crimes non-résolus. Pour Gérard Bousquet, le "violeur des parkings" n'a pas tué. "Qu'il ait fait d'autres viols ? Peut-être", ajoute-t-il.

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