ÉDITO - #MeToo : "Ce sont les tribunaux qui doivent rendre la justice, pas les tribunaux médiatiques", dénonce Saporta

L'écologiste Julien Bayou et l'ancien président de la Fédération française de Football Noël Le Graët ont été mis hors de cause des accusations à caractère sexuel qui les visaient, pourtant leur réputation est à jamais entachée. Le point sur ce phénomène de tribunal médiatique.

Noël Le Graët en juin 2023.

Crédit : FRANCK FIFE / AFP

#METOO - "Ce sont les tribunaux qui doivent rendre la justice, pas les tribunaux médiatiques"

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"Là où il y a un grand pouvoir, il y a une grande responsabilité". Avant Spiderman, c'est Churchill qui a dit ça. Les luttes féministes sont un combat crucial. Trop longtemps, on a ignoré la parole des victimes, on a méprisé la parole des femmes. Trop souvent, on les a humiliées, on nous a humiliées. On nous a traitées d'allumeuses. On nous a dit qu'on l'avait bien cherché.

Des sous-entendus ignobles qu'on entend heureusement de moins en moins. La donne a changé. Je ne dis pas que c'est devenu facile de porter plainte quand on a subi une agression à caractère sexiste ou sexuel, mais notre parole est écoutée, entendue. Et c'est très bien comme ça.

La justice est enfin rendue. Mais la justice, ce sont les tribunaux, les vrais, qui doivent la rendre. Pas les tribunaux médiatiques. Ceux-là amplifient notre parole et organisent le lynchage symbolique des hommes mis en accusation. Et c'est là qu'intervient notre très grand pouvoir. Désigner un homme comme bourreau, c'est le mettre à mort socialement, même si la justice lui donne raison par la suite. Il n'y aura aucun blanchiment à posteriori. Il aura perdu son poste, sa réputation, parfois sa famille. Et c'est là, mesdames, qu'il est de notre responsabilité de ne pas galvauder le noble combat #MeToo en le transformant en instrument de revanche sociale ou affective.

Que faut-il faire pour préserver les acquis de #MeToo ?

Il faudrait faire le même bruit une fois qu'un accusé est blanchi que lorsqu'il a été cloué au pilori. La morale ne doit pas l'emporter sur la justice. La justice doit passer plus vite, ce qui nous éloignera des égarements de la vindicte populaire.

Et la justice, ce n'est pas la vengeance. Avec l'arme nucléaire que nous, les femmes, avons désormais entre les mains, une arme capable de détruire symboliquement des vies, il faut que chacun des combats que nous menons soit noble. Sinon, c'est toute la cause des femmes que nous allons décrédibiliser.

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