ÉDITO - Affaire Shaïna : "La Réputation", un livre "glaçant mais passionnant", selon Alba Ventura

Laure Daussy, reporter à "Charlie Hebdo", publie un livre intitulé "La Réputation". Pendant un an, la journaliste a enquêté à Creil où Shaïna avait été brûlée vive par son ex-petit ami.

Une jeune fille témoignant son soutien à la famille de Shaïna près des assises de Beauvais, le 5 juin 2023

Crédit : FRANÇOIS NASCIMBENI / AFP

UN POINT C'EST TOUT - le livre "La Réputation" de Laure Daussy qui prend appui sur l'affaire Shaina. Passionnant et effrayant

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À Creil, l’affaire Shaïna, du nom de cette adolescente, violée, poignardée et brûlée vive, a marqué les esprits, autant que son procès qui s'est clôturé par la condamnation de son ex-compagnon et meurtrier. Autrice de son premier livre, Laure Daussy a enquêté pendant un an dans cette ville de l'Oise en bordure de la région parisienne. La reporter de Charlie Hebdo publie La Réputation (Ed. Les Échappés).

30 ans après l’affaire du voile, elle a voulu comprendre comment ces quartiers populaires sont devenus des "ghettos sexistes", où les lois des hommes prévalent. Cela existe évidemment dans d’autres cités, d’autres banlieues, mais à Creil, la journaliste est allée interroger les amies de Shaïna.

Elle y interroge les autres filles du quartier, celles qui portent le voile non par soumission mais pour ne pas avoir d’ennuis avec les garçons, ou pour se protéger de leurs regards. Ces filles qui par ailleurs n’ont jamais entendu parler du mouvement MeToo.

Un livre glaçant mais passionnant

Laure Daussy décrit le cycle mortifère : l’islam rigoriste qui ordonne de ne pas coucher avant le mariage, pousse les garçons à prendre pour cible des filles plus libres, plus indépendantes, auxquelles ils font une réputation de filles faciles pour se venger. Des filles qu’ils traquent, qu’ils agressent, qu’ils violent, qu’ils tuent parce qu’elles ne sont pas vierges.

Et ces filles qui essaient simplement de vivre leur vie de jeunes filles de leur temps, ne reçoivent aucun soutien. Laure Daussy cite ce père qui dit "je préfère avoir un fils en prison plutôt qu’une fille qui est une trainée". Elle pointe le rôle de la mosquée qui "organise" la surveillance des filles. Un des imams lui a même confié que "la jupe était un interdit religieux". Car une fille vaut moins qu’un garçon.

Je voudrais terminer en citant Assia, que Laure Daussy a rencontrée. Assia, maire-adjointe à Fontenay-sous-Bois, et cousine de Sohane, brûlée vive en 2002. Assia vient de vivre les émeutes après la mort de Nahel. Elle constate qu’il y a eu moins de réactions quand Shaïna est morte dans des conditions épouvantables que lorsqu’un jeune de banlieue est tué.

C'est un livre glaçant, mais passionnant.

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