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Disparition de Lydie Logé : 30 ans après, l’hypothèse Fourniret mais beaucoup de zones d’ombre
La famille de la jeune femme disparue en 1993 dans l’Orne lance un appel à témoin sur RTL. Retour sur trente ans d’enquête.
Quand elles ont appris en 2021 la mise en examen de Michel Fourniret dans le dossier de leur sœur disparue, Sophie et Virginie Logé ont reçu un uppercut. Depuis trente ans, elles cherchent la vérité, mais elles n’avaient jamais imaginé qu’un tueur en série puisse être responsable de leur souffrance.
Deux ans plus tard, avec l’appui du pôle cold case du Tribunal de Nanterre, elles lancent un appel à témoin sur RTL au micro d’Amandine Bégot. Plusieurs indices désignent incriminent l’Orge des Ardennes, aujourd'hui décédé, et son double maléfique Monique Ollivier, mais le dossier doit être étayé pour être renvoyé aux assises. Retour sur une disparition hors norme.
À écouter
Des courses de Noël, et puis plus rien
La dernière personne à avoir vu vivante Lydie Logé, c'est son amie isabelle, qui l’accompagne pour ses courses de Noël à Argentan, le 18 décembre 1993. Vers 19h00 Lydie repart vers son petit village de Saint-Christophe-le-Jajolet, dans l’Orne, au volant de sa voiture. Arrivée chez elle, la jeune femme de 29 ans appelle sa mère. Après, plus rien.
Vers 21h30 sa grande sœur Sophie essaye de la joindre, pas de réponse. Toute la nuit, elle essaye d’appeler : "J’ai ressenti que ma sœur appelait au secours, c’est inexplicable, quelque part, j'ai cru que j’étais à moitié folle, je ne peux pas l’expliquer". La réalité rattrape l’intuition. Le dimanche, toujours rien.
Le mari de Lydie Logé, dont elle s’est séparée quelques mois avant, vient pour ramener leur fils de 7 ans dont ils ont la garde partagée. Ils frappent à la porte, sans réponse. La voiture est devant le garage, les clefs sur le contact. Quand la famille rentre dans la maison isolée au bout du village, le mardi, avec l’aide du propriétaire, tout est en ordre. Le chauffage allumé, le lit n’est pas défait.
Prévenus, les gendarmes soulignent que Lydie Logé est majeure, une première enquête est ouverte, sans grands moyens. Le mari est placé quelques heures en garde à vue, mais aucun élément ne permet de l’incriminer. La disparition volontaire est privilégiée. La colère des sœurs et de la mère de Lydie est immense, elles sont convaincues que jamais la jeune mère aurait abandonné son fils, que ça ne correspond en rien à son caractère : "On ne nous a pas cru, tout simplement".
Des pistes éphémères sans résultat
Les sœurs placardent des avis de recherches dans les rues d’Argentan, où Lydie travaillait comme documentaliste dans un lycée pro, interrogent certains voisins et amis, et font même appel à des médiums. Des pistes éphémères sont suivies. En 1999, après 5 ans de disparition, l’enquête est relancée, des ossements analysés, mais sans aucun résultat. Le dossier va peu à peu prendre la poussière dans les placards du Palais de justice d’Argentan, sans jamais être refermé.
C’est en 2016 que l’affaire change de dimension. L’Office central de répression des violences faites à la personne (OCRVP) de la police judiciaire, spécialisé dans les cold case, et chargé d’une partie des dossiers Fourniret, lance une vaste comparaison de plus de vingt traces d’ADN féminin retrouvées dans le fourgon du tueur en série et restées sans correspondance.
Les profils sont envoyés à toutes les juridictions françaises où des dossiers d’adolescentes ou de jeunes femmes disparues restent sans réponse. À Argentan, miracle, une trace "matche" avec celui de la mère de Lydie Logé qui a été prélevé. Une contre-expertise est menée qui confirme la correspondance.
En 2019, Michel Fourniret est placé en garde à vue par l’OCRVP. Au cours de six auditions fleuves devant les enquêteurs, le criminel vieillissant laisse peu de doute sur son implication dans la disparition, reconnait son visage, répond dans une phrase alambiquée typique de son fonctionnement que Lydie Logé n’ pas pu mourir "sans moi".
En janvier 2021, il est mis en examen, Monique Ollivier suit. Manque aujourd’hui le détail du scénario criminel. À la tête du pôle cold case, la juge Sabine Khéris veut désormais tout faire pour le reconstituer avec l’aide des sœurs déterminées à se battre jusqu’au bout, pour comprendre ce qui s‘est passé.
