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"Combattant ? J'avais noté intérimaire" : sur RTL, le président du procès du 13-Novembre, Jean-Louis Périès, raconte son face-à-face avec Salah Abdeslam
L'ancien président de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès, était l'invité du "Journal inattendu", ce samedi 8 novembre. Il est revenu sur son face-à-face avec Salah Abdeslam durant le procès du 13-Novembre en compagnie d'Aurélie Silvestre qui a perdu son mari dans l'attentat du Bataclan.
Jean-Louis Périès et Aurélie Silvestre sur RTL le 8 novembre 2025.
Crédit : RTL
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Quelques mots peuvent parfois changer beaucoup de choses. Ce fut le cas le 8 septembre 2021 lors de l'ouverture du procès du 13-Novembre. Ce jour-là, l'audience a débuté depuis quelques minutes dans un palais de justice plein à craquer. Le juge Jean-Louis Périès se tourne alors vers le box des accusés dans lequel se trouve Salah Abdeslam.
L'ancien président de la cour d'assises spéciale de Paris lui demande alors de décliner son identité mais aussi sa profession. Le regard noir, Salah Abdeslam répond : "J’ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’État islamique". Impassible, le président lui rétorque : "Ah, moi, j'avais noté 'intérimaire'". Des sourires de soulagement apparaissent dans la salle. Le duel entre les deux hommes est en train de s'installer.
Invité du Journal inattendu sur RTL ce samedi 8 novembre - pour son livre Intime conviction, de l'affaire Dominici au procès du 13 novembre, les mémoires d'un juge, publié aux éditions Flammarion - Jean-Louis Périès est revenu sur cette épisode marquant du procès du 13-Novembre.
L'obligation de reprendre "le lead" face à Salah Abdeslam
Après cette réponse cinglante du seul survivant des attentats, le président sent "un froid glacial qui recouvre toute la salle".
"Je me dis qu'il faut que je réagisse tout de suite et je reprends mes notes. Je reprends le lead, poursuit Jean-Louis Périès. Je ne lui laisse pas la possibilité de diriger l'audience. C'est évident. C'est le président qui a la direction des débats. Ce ne sont pas les accusés".
Cet échange entre les deux hommes n'a laissé personne indifférent dans la salle du tribunal. Qu'ils soient journalistes, observateurs, ou encore parties civiles. Aurélie Silvestre en faisait partie. Il y a dix ans, le soir du vendredi 13 novembre 2015, cette mère d'un petit garçon de 3 ans est enceinte de son second enfant. Une petite fille. Elle est chez elle quand le commando attaque le Bataclan.
À l'intérieur de la salle de concert parisienne se trouve son compagnon et le père de ses enfants : Matthieu Giroud. Elle apprendra sa mort que le lendemain, "le samedi à 22 heures". Six ans après, Aurélie Silvestre est présente dans le tribunal pour le procès du 13-Novembre.
On comprend qu'il va parler et immédiatement il place le débat sur 'je suis un combattant'. Donc là évidemment nous on est dans un stress pas possible.
Aurélie Silvestre sur RTL
Invitée, elle aussi, du Journal inattendu, ce samedi, elle raconte comment ce dialogue entre Jean-Louis Périès et Salah Abdeslam fut un "moment clé" du procès.
"La réalité c'est que le premier jour on est 500 je pense dans cette salle, il y a une tension qui est énorme, on a tous très peur, se souvient-elle. D'abord on a peur qu'ils ne prennent pas la parole. Là, il se lève, on comprend qu'il va parler et immédiatement il place le débat sur 'je suis un combattant'. Donc là évidemment nous on est dans un stress pas possible."
Une "pointe d'humour"
Assise face à Jean-Louis Périès, Aurélie Silvestre se remémore : "Vous faites cette chose qui est si simple et qui, en même temps, change tout. C'est-à-dire que vous lui dites simplement : 'Moi, j'avais noté intérimaire'. Dans votre livre, c'est super parce que vous dites que c'est une façon de garder le pouvoir. Et en fait, c'est le pouvoir de la douceur".
Au delà "du pouvoir de la douceur", la mère de famille évoque également la "pointe d'humour" de cette petite phrase. "Je vous en remercie vraiment mille fois parce que vous l'avez fait à de nombreuses reprises pendant le procès. Et aussi parce que ça a mis une pointe d'humour. C'était aussi drôle, en fait, de dire : 'Moi, j'avais noté intérimaire'". Et de conclure, dans le rire : "On dirait un sketch".
Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, Aurélie Silvestre publie Déplier le cœur aux éditions de Seuil. Elle a également raconté son histoire dans le 20.10 d'Anne-Sophie Lapix sur M6 comment, "bon an, mal an", elle a refait sa vie aux côtés de ses enfants.
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