Antibiotiques prescrits contre l'autisme : l'Agence du médicament saisit la justice
Des médecins prescriraient des antibiotiques non prévus à cet usage aux enfants atteints d'autisme. L'ASM a saisi le procureur de la République.

"Alertée sur la prescription par certains médecins de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché pour traiter des enfants atteints d'autisme", l'ANSM a saisi le procureur de la République le 15 septembre 2020. Selon Olivia Cattan, la présidente de l'association SOS Autisme, une cinquantaine de médecins seraient concernés.
L'Agence du médicament (ANSM) "déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n'ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d'une utilisation prolongée", précise-t-elle dans un communiqué.
Les pratiques incriminées concernent la prescription "sur de longues durées (plusieurs mois)" de "médicaments anti-infectieux" (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de "chélateurs de métaux lourds", des substances censées éliminer les métaux lourds de l'organisme.
La présidente de SOS Autisme, inquiète
C'est la présidente de l'association SOS Autisme, Olivia Cattan, qui a informé l'ANSM de ces pratiques fin 2019. L'agence a ensuite recueilli des témoignages de parents et des ordonnances qui font état de ces prescriptions. C'est seulement au terme d'une enquête interne,que l'ANSM a, cet été, "informé le procureur de la République de ces pratiques de prescriptions dangereuses". Elle a également prévenu les Ordres des médecins et des pharmaciens ainsi que la Caisse nationale d'Assurance maladie (CNAM).
Olivier Cattan s'est félicité "de la suite donnée" par l'ANSM à son alerte. En revanche, dans un communiqué, elle se dit "étonnée du peu de réactions et d'actions de Claire Compagnon, chargée de l'autisme au gouvernement", ainsi que des autres membres du gouvernement concernés qu'elle a rencontrés. "On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés. Les parents, dans une impasse thérapeutique, se font avoir et jettent leur argent dans des protocoles pas prouvés scientifiquement", a-t-elle déplorée.