19 mars 2013 sur l'aéroport de Punta Cana en République Dominicaine.Il est 22 heures lorsque des policiers encerclent un Falcon 50. L'appareil s'apprête à décoller pour Saint-Tropez. Les quatre occupants sont interpellés. L'un après l'autre, ils déclinent leur identité. Il sont tous français.Selon la police dominicaine 700 kilos de cocaïne se trouveraient à bord.
Le journaliste Jérôme Pierrat précise : "Lorsqu'on découvre qui sont ces passagers, c'est un peu la surprise.On se retrouve avec deux pilotes qui sont des anciens militaires de l'aéronavale ; un type qui n'a jamais été signalé aux autorités, Nicolas Pisapia ; et le dernier Alain Castany, qui est courtier en vols d'affaires."
C'est le début du cauchemar pour ces Français qui sont incarcérés dans une prison dominicaine dans l'attente de leur procès. En France, c'est la mobilisation pour épauler les familles éprouvées des deux pilotes. Comme Sabine Fauret, l'épouse de Pascal Fauret qui, à l'époque, ne pouvait contacter son mari incarcéré à 10.000 kilomètres de là qu'au téléphone. A la question :" Vous voyez votre mari comme un trafiquant de drogue ?" Sa réponse était catégorique : "Non."
D'autant qu'à l'époque, plusieurs zones d'ombres demeurent autour des images tournées lors de leur arrestation spectaculaire. "C'est étrange, nous avons d'un côté une arrestation filmée sans le butin puis des images filmées deux jours après à 200 kilomètres de là avec les 700 kilos de drogue. Cela ressemble à une reconstitution."
Malgré les doutes en France, les quatre suspects se présentent devant la justice dominicaine après 15 mois de détention provisoire. Ils nient avoir eu connaissance du chargement qu'ils transportaient et invoquent le droit international. Pascale Egré, journaliste au Parisien, explique : "Ce que disent d'emblée les pilotes, et ils maintiennent cela jusqu'à aujourd'hui, c'est qu'eux en tant que pilotes, sur ce type de vols, ils ne sont pas chargés de vérifier le contenu de leur chargement." Jérôme Pierrat ajoute : "C'est un peu l'analogie avec le chauffeur de taxi : est-ce que le taxi est autorisé à vous faire ouvrir vos valises avant de les embarquer dans son coffre ?".
Mais l'argument ne convainc pas et le sort des quatre accusés semble scellé. Venu témoigner au procès, Christophe Naudin, expert en sûreté aérienne apprend le verdict de la bouche de l'un des pilotes dont il est proche. "Bruno me dit : mais tu n'es pas au courant ? On a été condamné à vingt ans. Choc. Impossible, là on a su que l'on ne pouvait plus jouer la justice."
En grand secret, une rocambolesque opération d'exfiltration se prépare alors. Nom de code : "Diner en Ville" comme dans le film "Spy Game" avec Robert Redford et Brad Pitt, qui évoque une exfiltration d'agents de la CIA. Pascale Egré évoque des gens très bien formés, rompus à ce type de missions qui exfiltrent les deux pilotes par bateaux vers les Antilles françaises. Une dizaine de personnes auraient participé à cette opération.
La justice française n'a jamais souhaité enquêter sur cette exfiltration mais certains reconnaissent à demi-mots ne pas y être étrangers, comme Christophe Naudin : "Je souhaite réserver mes déclarations au tribunal, mais oui j'ai été chercher des gens qui n'avaient pas à être là-bas", révèle-t-il. Pascale Egré précise : "Le but n'est pas de les planquer en Argentine, mais de les ramener en France pour qu'ils répondent de leurs actes devant la justice française."
Une position assumée par les pilotes dès leur retour en France. "A partir du moment où j'ai affaire à une justice qui n'enquête pas, qui nous malmène en prison, j'estime que je dois revenir dans mon pays pour m'expliquer", dit alors Pascal Fauret. Le procès des deux pilotes s'est ouvert lundi 18 février. Pascal Fauret et 10 complices présumés doivent répondre de trafic de stupéfiants devant la Cour d'Assises spéciale d'Aix en Provence.
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