Le 30 mars 1995, Patrick Trémeau est confronté aux policiers du commissariat de Paris dans le cadre d'un interrogatoire. L'homme de 32 ans, est un violeur récidiviste. Devant les policiers, il cherche à se débarrasser d'un préservatif qu'il détient entre ses mains. Le même jour, Gladys, une de ses victimes, dépose une plainte pour viol. Un détail interpelle les policiers : elle reconnaît un homme aux "chaussures oranges".
En garde à vue, Trémeau avoue être l'auteur de 14 viols, sur les 16 qui lui sont imputés entre 1993 et 1995. Un tapissage est réalisé par les policiers : un groupe d'hommes, dont Patrick Trémeau, est présenté aux victimes. Elles reconnaissent très vite leur agresseur et n'auront de cesse de remercier les enquêteurs.
"Les relations que nous avons eues avec les victimes, c'était complètement hors normes", confie ans Les Voix du crime, Gérard Bousquet, commandant qui a fait avouer Patrick Trémeau, partage le lien particulier qu'il a établi avec ces femmes traumatisées par le "violeur des parkings".
Quand il a pris les 16 ans, les victimes nous ont contactés pour nous inviter au restaurant
Gérard Bousquet
Le procès de Trémeau s'ouvre en 1998. "Quand il a pris les 16 ans, les victimes nous ont contactés pour nous inviter au restaurant, raconte le commissaire Bousquet. "Elles ont dit, voilà, 'on est très satisfaites de votre travail, de ce que vous avez fait. On vous remercie beaucoup. On aimerait vous inviter'. Que ces filles-là... nous invite au restaurant. Incroyable, quoi. Moi, je n'avais jamais vu ça et ça m'a beaucoup marqué. Ça m'a beaucoup marqué".
Désormais au plus près des victimes, Gérard Bousquet a réussi à établir une relation de proximité avec l'une des nombreuses femmes victimes de Trémeau, la journaliste et écrivaine Marie-Ange Le Boulaire. Cette dernière a croisé la route de Patrick Trémeau en 1994. Huit ans après les faits, elle témoigne dans Le Viol, un livre autobiographique dans lequel elle partage son histoire et qui va aider à la notoriété de l'affaire.
J'avais dit à cette victime : 'Il faut que tu ressortes. Sors, va en boîte. Va en boîte. Sors avec les copains. Sinon, c'est fini'
Gérard Bousquet
Le commandant Bousquet n'hésite pas non plus à prodiguer des conseils à une autre femme ayant subi les sévices du violeur en série. "J'avais dit à cette victime : 'Il faut que tu ressortes. Sors, va en boîte. Va en boîte. Sors avec les copains. Sinon, c'est fini' (...). Et donc, elle avait dit, ce qui m'avait hyper étonné : 'mais ce flic est fou, je viens de me faire violer, il me demande d'aller faire la fête'. C'était ça en fait. Elle s'était rendu compte que c'était la bonne voie", ajoute Gérard Bousquet.
Au bout de sept années de détention, Trémeau est libéré en 2005, il récidive à trois reprises et est à nouveau condamné en 2009 à une peine de vingt ans, puis sort en 2021. En janvier 2024, Patrick Trémeau, la soixantaine, a été condamné à un an de prison ferme par le tribunal d'Amiens. D'autres victimes potentielles sont-elles à identifier ? C'est ce qu'essaie de savoir le pôle cold case de Nanterre à l'aide des synthèses des enquêteurs de l'époque.
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