Affaire Rodica Negroiu : que devient "l'empoisonneuse de Maxéville", condamnée pour les meurtres de deux retraités ?

Ils s'appelaient Gérard Helluy et Raymond Jactel. Les deux hommes âgés respectivement de 68 et 82 ans disposaient de belles économies avant de décéder brutalement, dans des circonstances troublantes. Plus étonnant encore, les analyses toxicologiques révèlent que ces deux hommes, à priori en bonne santé, se sont manifestement vus administrer des médicaments, qu'aucun professionnel de santé ne leur avait prescrits. 

Au début des années 90, les enquêteurs de la Meurthe-et-Moselle portent une attention particulière à une aide-soignante roumaine qui a quitté son pays pour s'installer dans la région de Nancy, dans la commune de Maxéville. Elle s'appelle Rodica Negroiu. Elle est la dernière personne à les avoir fréquentés, avant leur décès. En 1999, elle est condamnée à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir empoisonné avec préméditation ces deux hommes. 

Le 24 janvier 2015, Rodica Negroiu sort de prison, mais n'en a pas fini avec la justice. Vingt-deux ans après sa condamnation, sa troisième requête en révision est rejetée. Aujourd'hui âgée de 84 ans, elle n'a jamais cessé de clamer son innocence dans ces affaires. 

Je suis innocente, je ne savais pas pour leur argent

Rodica Negroiu dans "L'Heure du crime"

Dans L'Heure du Crime consacrée à cette affaire, Rodica Negroiu elle-même revient sur sa condamnation et sur l'erreur judiciaire dont elle dit avoir fait l'objet. "Je suis innocente, je ne savais pas pour leur argent (…) Je suis victime d'un complot criminel, d'une machination criminelle. Je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit."

Le 17 décembre 1990 au soir pourtant, c'est bien elle qui avait fait l'objet d'une dénonciation au commissariat de Vandœuvre-lès-Nancy. L'interlocuteur évoquait le décès, trois jours plus tôt, d'un ancien militaire, Raymond Jactel, 82 ans. Selon lui, l'homme était en pleine forme jusqu'à ce Rodica Negroiu entre dans sa vie.

Une enquête est ouverte. Le corps du défunt est rapidement exhumé. Aucune trace de violence, mais des expertises toxicologiques montrent la présence de digoxine, un traitement prescrit pour les troubles cardiaques. En s'intéressant au cas de cette femme, les enquêteurs découvrent que la mort de l'octogénaire n'est pas isolée. Deux de ses compagnons sont décédés dans des circonstances similaires, quelques années auparavant.