Dix ans après l'affaire d'Outreau, et pour la troisième fois, Daniel Legrand doit répondre de viols sur enfants. Il a déjà été acquitté mais les faits concernent cette fois une période durant laquelle il était mineur et qui n'avait pas encore été jugée. Daniel Legrand, 33 ans aujourd'hui, est arrivé au Palais de justice de Rennes ce matin du mardi 19 mai flanqué de six avocats. L'un d'entre eux, Me Dupond-Moretti, s'indigne : "Ce n'est pas un accusé mais un innocent".
Ça fait beaucoup pour un innocent : trois procès, c'est énorme
Daniel Legrand
La scène semble surréaliste. Daniel Legrand est à nouveau dans le box des accusés. En 2004, lors du premier procès, ils étaient 17. Le voici seul maintenant face au juge. Cheveux en brosse gominés, les yeux bleus délavés, l'homme a été abîmé par des années d'injustice. Il suit maintenant un lourd traitement médical. La voix est pâteuse mais le ton est fier. Lui qui pensait en avoir fini avec Outreau doit à nouveau se battre pour "défendre (son) honneur et (son) innocence".
"Je n'ai rien fait, je n'ai rien fait et je me défendrai. Il n'y a pas de problème. Ça fait beaucoup pour un innocent : trois procès, c'est énorme. Mais bon... La tête haute", assure-t-il devant un parterre de journalistes. Jonathan Delay est assis en face de lui, sur le banc des parties civiles. Ni lui ni ses frères n'ont jamais mis en cause Daniel Legrand pendant l'instruction mais promettent désormais de "nouvelles révélations". Ils seront entendus demain.
Il n'y a rien dans le dossier. Il faut que ça s'arrête
Me Dupond-Moretti
Selon Me Dupond-Moretti, ce procès n'a aucun sens : "On ne vient pas ici pour démontrer son innocence, elle est acquise. Il n'y a rien dans le dossier. Il faut que ça s'arrête. C'est une catastrophe de venir ici, sur le plan humain. Mais en même temps, c'est l'occasion, je l'ai dit, de remettre les pendules à l'heure, une fois pour toutes". Devant la cour d'assises des mineurs, Daniel Legrand doit à nouveau se raconter dans les moindres recoins, dans les détails les plus intimes.
Fatigué et résigné, il affirme : "Outreau, ce n'est pas mon coin. La seule fois où j'y ai mis les pieds, c'était pour taper dans le ballon (...) Ceux qui m'ont accusé, je ne les avais jamais vus avant le procès". Sa mère, dans le fond de la salle, le couve du regard. Son père, qui a passé deux ans en prison dans le cadre de cette affaire, est décédé. "Vous lui avez usé le cœur", crie Daniel Legrand.
Ce procès risque fort de ressembler à une étrange reconstitution de l'affaire d'Outreau. Tous les acquittés, le juge Burgaud, Myriam Badaoui, Thierry Delay et les parents des enfants Delay reconnus victimes vont être entendus pendant les trois semaines de procès.
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