Affaire Lucien Léger : qui était cet infirmier psychiatre condamné pour le meurtre d'un enfant ?

Au milieu des années 60, un individu sème la terreur en France. L'homme revendique l'enlèvement et le meurtre d'un enfant de 11 ans, Luc Taron, découvert sans vie dans le bois de la Verrières, près de Paris, le 27 mai 1964. Le garçon a été enlevé, étouffé et frappé. 

Pendant 40 jours, l'assassin joue au jeu du chat et de la souris avec la police, avec la presse et la famille de l'enfant, en abreuvant les journaux de lettres glaçantes et menaçantes. Toutes signées "l'étrangleur". Un monstre sans pitié, un énergumène, un dangereux criminel… Le pays imagine le portrait effroyable d'un tueur d'enfant. 

Moins de deux mois après le meurtre, un suspect est arrêté. À la surprise générale, l'individu ne correspond en rien à la description que la France s'était faite. Il s'appelle Lucien Léger, et est infirmier à l'hôpital psychiatrique de Villejuif. Un homme discret et insoupçonnable. 

Dans L'Heure du Crime dédiée à cette affaire, Philippe Jaenada, journaliste et auteur du livre Le printemps des monstres, revient sur la vie du suspect. "C'est un jeune homme qui est né dans une famille ouvrière, assez pauvre (...) qui a une enfance tout à fait normale, hormis des moyens d'existence assez réduits."

"Il est devenu infirmier psychiatrique parce que sa femme avait, d'après ce qu'on disait, des problèmes psychiatriques et a été internée (...) C'est un homme qu'on considère comme plutôt ennuyeux et assez fade et solitaire, mais qui n'a jamais eu le moindre problème avec la police ou la justice", poursuit l'écrivain. 

Confondu par son écriture, Lucien Léger est arrêté puis incarcéré. Devant les enquêteurs, il avoue le meurtre de Luc Taron, mais se rétracte deux ans plus tard, alors même que l'instruction touche à sa fin. Si son avocat parvient à lui épargner la peine de mort, l'infirmier est condamné à la perpétuité. En 2005, il est finalement libéré après 41 ans de détention, devenant ainsi le plus ancien détenu de France. Trois ans plus tard, l'ex-infirmier décède à son domicile d'une "cause naturelle", emportant avec lui les derniers secrets de cette affaire macabre.