On l'avait laissé à la sortie de la prison de Fleury-Merogis en septembre 2014. Il venait d'être libéré après 117 jours de détention et placé sous bracelet électronique. L'ex-trader n'a plus aujourd'hui son bracelet. Il peut courir. Courir à la poursuite de la Société Générale qui l'a fait condamner en 2010 à la prison et à 4,9 milliards de dommages et intérêts. Jérôme Kerviel a toujours répété qu'il était tombé dans un piège tendu par la banque. Et il n'a rien oublié. On va donc le retrouver en 2016 sur pas moins de quatre fronts : la demande de révision de son procès, l'audience civile qui va dire s'il doit réellement 4,9 milliards de dommages et intérêts, le résultat des trois plaintes qu'il a déposées et enfin - c'est presque anecdotique - un rendez-vous devant les prud'hommes.
Il espère que la Cour de révision va bientôt accepter sa demande. Si tel est le cas, ce rendez-vous, primordial, pourrait-être rapide : selon nos informations, il pourrait se tenir au début de l'année. Jérôme Kerviel et son plus fidèle avocat, David Koubbi, vont jeter à cette occasion toutes leurs forces dans la bataille. Ce sera forcément spectaculaire. Pièce maîtresse de cette demande en révision jugée "imaginative" par l'avocat de la banque, Jean Veil : le témoignage choc de la commandante de police Nicole Le Roy. Elle affirme que la banque a orienté son enquête, pour la convaincre que le trader était coupable. "La PJ a été manipulée" répète Me Koubbi, qui travaille tous les jours avec Jérôme Kerviel sur ce rendez-vous capital de 2016.
"Ce sera la dernière bataille si c'est une bataille qu'on gagne. Cette action est établie sur la foi d'éléments nouveaux. Des pressions ont été exécutées. On n'est pas à un stade où on a très envie de s'arrêter", lance le magistrat. "Maintenant que l'affaire Kerviel est terminée, et que nous sommes en train d'entrer au plein cœur des affaires Société Générale, il n'est pas questions pour nous de lâcher le moindre centimètre carré à cette très honorable banque", martèle-t-il. On verra évidemment quelle suite donnera la cour de révision aux demandes de Kerviel. À la clé : peut-être un nouveau procès. Mais on en est encore très loin.
On va donc beaucoup voir Jérôme Kerviel dans les prétoires. Et notamment du 20 au 22 janvier prochains devant la cour d'appel de Versailles. On sera là devant le tribunal civil. La Cour de cassation avait annulé l'amende de 4,9 milliards d'euros. On va donc réexaminer les responsabilités et fixer le préjudice. Jérôme Kerviel saura si cette amende exorbitante sera réduite ou, comme il le demande, annulée. On le reverra aussi du 4 au 9 mars aux prud'hommes. Clin d’œil bien sûr : c'est lui qui va réclamer 4,9 milliards de dommages intérêts à la banque.
Il y a aussi ces trois plaintes qui risquent d'exploser en 2016. Jérôme Kerviel les a déposées pour "faux, escroquerie au jugement et subornation de témoin". Celle-ci concerne l'ancien supérieur du trader qui avait témoigné contre lui, puis avait été licencié avec une enveloppe d'un million d'euros. "Cet argent a-t-il servi à acheter ce témoignage", s'interroge Kerviel ? "Ridicule", répond la banque qui, huit ans après le scandale, va devoir continuer à se battre tout au long de 2016 contre son ennemi juré, Jérôme Kerviel.
Commentaires