Affaire José Bréton : pourquoi le père de famille a-t-il tué ses deux enfants ?

Samedi 8 octobre 2011, en fin de journée, le numéro des urgences en Espagne enregistre un appel signalant la disparition de deux jeunes enfants dans un parc de la ville de Cordoue. C'est le père, José Bréton, 38 ans, qui a appelé les secours. Il indique avoir emmené sa fille Ruth, six ans et son fils José, deux ans, au village des enfants, une aire de loisirs bien connue des familles. Il a eu un moment d'inattention et les a perdus de vue. Depuis ils sont introuvables. 

Les parents de Ruth et José sont séparés depuis une vingtaine de jours. La rupture se passe très mal. José Breton n’a même pas prévenu son ex-épouse, Ruth Ortiz, de la disparition. Quand les policiers l’appellent, elle est terrorisée. Elle indique qu'il est venu les chercher en voiture la veille chez elle. Elle craint que son ex-mari soit derrière tout ça.

Le dimanche 9 octobre, les policiers perquisitionnent le domaine agricole de "Las Quemadillas", appartenant aux parents de José Breton, où les enfants devaient passer le week-end. Ils découvrent les restes d'un foyer. Les vestiges montrent que le brasier était intense et alimenté par du gazole.

"C'est mon secret"

Le père de famille admet avoir brûlé des objets personnels pour tourner la page de sa séparation. Les experts ne trouvent aucune trace des enfants. Les cendres sont examinées, révélant des fragments d'os, mais ceux-ci s'avèrent être d'animaux. José Bréton reste sous surveillance, considéré comme le témoin numéro un.

Mardi 18 octobre 2011, l'Espagnol est arrêté dans la ferme familiale, à quatre heures du matin. Présenté au juge d'instruction de Cordoue, le père de famille est inculpé de détention illégale de mineurs et d'invention de délit imaginaire. Quand le commissaire de Cordoue lui demande : "M. Bréton, si vous savez où sont vos enfants, dites-le, c’est le moment", le père de famille répond : "Vous comprendrez que je ne peux pas vous le dire, c'est mon secret".

Vendredi 10 août 2012, dix mois après le début de l'enquête, le tribunal de Cordoue annonce un coup de théâtre. Les fragments d'os retrouvés dans le brasier sont humains, et non animaux, comme initialement pensé. Malgré cela, José Bréton nie sa culpabilité, affirmant que tout est une "invention". 

40 ans de prison

Lundi 17 juin 2013, José Bréton, 40 ans, petit homme vêtu d'une chemise blanche à rayures, cheveux bruns parfaitement peignés, regard fixe, comparait devant le tribunal de Cordoue. Il ne semble montrer aucune émotion. "C'est un bloc de glace, un homme sans sentiments" dit un expert.

Mercredi 19 juin, Ruth Ortiz, la maman, témoigne. Selon elle, José n'est pas le mari et père affectueux qu'il prétend être. Il a déjà giflé son fils et bousculé sa fille. "Une fois, je l'ai entendu dire qu'il ne quitterait pas ce monde sans tuer quelqu’un. Maintenant, je sais que j'ai vécu avec un assassin en puissance", explique la maman. 

Après un mois de procès, José Bréton est condamné à 40 ans de prison, 20 pour chaque enfant. "Le motif est qu'il n'a pas supporté la décision de sa femme de le quitter. Tout s'écroule pour lui, il perd le contrôle et ne peut supporter la désintégration de sa famille, donc il faut absolument se venger d'elle", souligne François Musseau, journaliste au micro de L'Heure du crime pour RTL.

Après presque quinze ans de prison, le père livre les premiers aveux. Il a donné le scénario de la mort de ses enfants dans un livre intitulé El Odio, la Haine. 

Sans cadavre, il n'y a pas de crime. C'est dans n'importe quel roman policier. J'avais du bois dans la propriété, il ne me restait plus qu'à acheter le gazole.

José Bréton

Les invités de "L'Heure du crime"

- François Musseau, journaliste correspondant en Espagne notamment Libération et Le Point. 

- Javier Galleco, journaliste pour la chaîne de télévision espagnole Antena 3. 

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