Joachim Peiper était l'un des plus jeunes colonels SS décoré par Adolph Hitler en personne. Il était aussi un criminel de guerre, jugé et condamné à mort en 1946, une peine capitale commuée en prison. À sa sortie, on va perdre la trace de l'officier nazi, lequel va réapparaitre trente ans plus tard, au fin fond d'un village de la Haute-Saône.
Quand sa maison va prendre feu une nuit de juillet 1976 et quand les secours vont découvrir un corps carbonisé dans l’habitation, on va immédiatement penser à une vengeance, celle d’anciens résistants qui venaient de démasquer le discret retraité allemand.
Si l’incendie criminel ne fait pas de doute, les enquêteurs vont vite se heurter à bien des mystères. Impossible de savoir si le corps amputé et détruit par les flammes est bien celui du colonel nazi. Pourrait-il s’agir de celui d’un autre homme ? L'hypothèse, extravagante, selon laquelle l'ancien SS aurait pu mettre en scène sa propre disparition va ainsi prendre de plus en plus d'épaisseur.
Deux ans avant l'incendie, Joachim Peiper avait été reconnu par un commerçant de Vesoul, ancien résistant communiste et passionné d'histoire militaire. Depuis, il subissait une campagne de dénigrement. "Il vit dans la peur, car il sait que tout le monde lui en veut. Il reçoit des menaces précises sur lui et sur sa famille. (...) Il se sent épié, il voit des silhouettes partout", explique Grégory Barbier, journaliste à L’Est Républicain et invité de L'Heure du crime. Les enquêteurs retiennent la piste de la vengeance, d’anciens résistants ou de justiciers.
Dans les ruines de la maison de Joachim Peiper, les autorités découvrent un corps carbonisé, mais les légistes informent le juge qu'ils sont dans l'impossibilité de confirmer que la dépouille est celle du gradé nazi. En 1977, le tribunal de Vesoul délivre l'acte de décès de l'ancien SS Joachim Peiper, déclaré officiellement mort dans l'incendie de sa villa de Traves dans la nuit du 13 au 14 juillet 1976.
Cependant, de nombreuses zones d'ombres persistent dans cette affaire. "Comment est-ce que lui, colonel SS, préparé, qui faisait des rondes chez lui et qui avait deux gros chiens, aurait pu se faire assassiner ?", s'interroge Grégory Barbier, journaliste à L’Est Républicain. "On peut difficilement expliquer qu'il n'ait pas su se défendre alors qu'il était intervenu sur tous les fronts de la guerre", ajoute Daniel Seigneur, écrivain et invité de L'Heure du crime.
Simon Wiesenthal, le plus célèbre chasseur de nazis du moment, estime que Joachim Peiper pourrait très bien avoir mis en scène une mort fictive, ce que dément totalement la famille du gradé nazi. "Le petit-fils est catégorique. Pour lui, c'est de l'invention, son grand-père est mort", précise Grégory Barbier.
Le 1er juin 1982, après six ans d'enquête, un non-lieu est délivré. "On a l'impression que les experts ne veulent pas prendre une position ferme", conclut Grégory Barbier.
- Grégory Barbier, journaliste à l’Est Républicain, réalisateur du podcast Les grands crimes de l'est qui revient sur les crimes qui ont marqué la Lorraine et la Franche-Comté. L’affaire Peiper a été évoquée dans un épisode : « Haute-Saône : Peiper, l’ancien SS réfugié dans une forêt ».
- Daniel Seigneur, écrivain et auteur du livre Joachim Peiper, la fin d’une cavale en Franche-Comté publié aux éditions Cabédita .
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