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Affaire Hedi à Marseille : les policiers de retour d’arrêt maladie ne veulent plus "sortir le LBD du placard"

TÉMOIGNAGES - Après plus de deux semaines de mouvement, certains policiers marseillais dénoncent des pression pour reprendre le travail. En colère, ils réclament la libération d’un agent de la Bac, incarcéré après avoir été mis en examen pour violences en réunion, en marge des émeutes survenues après la mort de Nahel.

Une voiture de police

Crédit : Hugo Amelin / RTL

POLICE - Marseille : "Aujourd'hui, la réticence d'utiliser un LBD va très loin dans l'esprit", témoigne un syndicaliste

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Hugo Amelin

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C'est un mouvement qui dure. Depuis deux semaines, près d’un tiers des 3.500 policiers marseillais s’est mis en congés ou en arrêt maladie en signe de protestation après l’incarcération d’un membre de la BAC. Ce dernier est accusé d'avoir gravement blessé Hedi, 22 ans, en marge des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel.

Beaucoup de fonctionnaires reprennent le service ce lundi 7 août mais "a minima". Seules les urgences, sont gérées. Depuis les nuits d’émeutes début juillet, certains policiers ne veulent plus utiliser leurs LBD.

Hector* est brigadier dans les quartiers nord de Marseille : "Comme beaucoup, j’étais en arrêt maladie mais la hiérarchie nous a menacés de faire des retenues sur salaire, alors je suis revenu", témoigne-t-il à RTL sous couvert d’anonymat.

"En quatre jours, mon équipage n’a fait aucune interpellation. On fait le strict minimum et on ne sort plus le LBD du placard, ni les grenades défensives. Si on a un individu trop menaçant à interpeller, tant pis, on fera marche arrière", dit Hector*, policier marseillais.

Une grève qui ne dit pas son nom

Le nombre de patrouilles de police était descendu aussi bas que le lit d’une rivière en pleine canicule il y a une semaine. Deux voitures sérigraphiées pour sillonner toute la cité phocéenne en plein été, alors qu’il y en a entre 12 et 15 habituellement

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"On s'attend à une franche reprise ces prochains jours", indique un cadre de la direction de la sécurité publique, rassuré par de récents retours. "Nous avons été obligés de faire le tri dans les missions d’urgence et de délaisser le travail d’initiative, les enquêtes sur les vols avec effraction ou les trafics de stups", ajoute-t-il. 

Des villes moyennes, comme Istres et Vitrolles, peinent également à faire revenir leurs fonctionnaires. Un "virus colérique", une grève qui ne dit pas son nom (car interdite pour les policiers), qui intervient après la décision du tribunal d’Aix-en-Provence de maintenir en détention, au moins jusqu’à la fin du mois août, un membre de la brigade anti-criminalité de Marseille.

Ce policier de 35 ans a été mis en examen pour violences aggravées, après avoir sérieusement blessé au crâne le jeune Hedi, 22 ans par un tir de LBD.

Incompréhension et colère des policiers

Les menaces du directeur de la police nationale qui promettait des retenues sur salaire et des sanctions aux policiers qui se mettraient "opportunément" en arrêt maladie ont renforcé le sentiment de défiance des policiers vis-à-vis de leur hiérarchie.

Est-ce que ce manque d'effectifs profite aux voleurs ? Difficile de le savoir, puisque les dépôts de plainte sont ralentis par le manque de policiers. Au commissariat central de Marseille, les touristes doivent patienter des heures ou sont priés de revenir dans quelques jours, faute de fonctionnaires disponibles.

Dans les statistiques : pas de plainte, pas de vol. La préfète de police des Bouches du Rhône réfute cette tendance : "Nous avons eu une baisse de 30% des vols au mois de juillet", a-t-elle indiqué à nos confrères de BFM TV.

Mobilisés ces derniers mois pour la sauvegarde de leur indépendance, les membres de la police judiciaire ont eux aussi suivi le mouvement. 60 arrêts maladie sur 200 fonctionnaires à Marseille. 

C’est toujours le petit flic de base qui se retrouve sanctionné.

Stéphane*, de l’office de lutte contre le crime organisé

"C’est toujours le petit flic de base qui se retrouve sanctionné, confie Stéphane*, de l’office de lutte contre le crime organisé. Mais à quoi peut-on s'attendre quand on envoie le RAID faire du maintien de l’ordre ? C’est une mauvaise décision politique. Chacun son métier, ce n'est pas aux CRS de résoudre des enquêtes, l’inverse est vrai aussi."

Côté syndicats, deux stratégies s’opposent. Arrêts maladie en cascade ou "code 562", qui signifie en langage policier "présence et intervention seulement en cas d’urgence".

"Ce ne sont pas les sanctions promises qui vont réconcilier les flics avec leurs boulot, s’étrangle le délégué Alliance, Rudy Mana. Pour l’utilisation du 'flash ball', c'est clair qu’il y aura un avant et un après, l’affaire Hedi va marquer une rupture", ajoute-t-il.

Bruno Bartocetti, d’UNSA SGP police, déplore que "les policiers ont craignent désormais qu’en cas d’utilisation de leurs armes, ça se retourne contre eux. Le constructeur de LBD doit aussi être sensibilisé, pas seulement l’utilisateur".

* Les prénoms ont été modifiés.

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