"C'est une affaire où il se passe pas de semaines ou de mois sans que j'y pense." Dans Les Voix du Crime, Michel Meurant raconte la manière dont il a vécu l'enquête dans l'affaire Giraud-Lherbier. Celle-ci n'a jamais été résolue, le principal suspect, Jean-Pierre Treiber, s'étant donné la mort après n'avoir cessé de clamer son innocence. "En choisissant de se suicider, il a emporté avec lui ses secrets", résume Michel Meurant, qui était alors le procureur de Sens.
Le 1er novembre 2004, Géraldine Giraud, 36 ans, comédienne et fille de l'acteur Roland Giraud, et Katia Lherbier, 32 ans, assistante sociale et chanteuse dans un groupe de rock, passent ensemble un week-end à Lapostolle, un tout petit village de l'Yonne de 140 habitants.
Les deux femmes se sont rencontrées quelques jours auparavant par l'intermédiaire de Marie-Christine Van Kempen, la tante de Géraldine et colocataire de Katia. Géraldine et Katia sont tombées immédiatement amoureuses. Mais à partir du 2 novembre, les deux femmes ne donnent plus signe de vie.
Dans un premier temps, ce sont les familles qui s'inquiètent
Michel Meurant
"Dans un premier temps, ce sont les familles qui s'inquiètent et qui nous demandent d'enquêter sur cette disparition", se souvient Michel Meurant. Lui n'est d'abord saisi que de la disparition de Katia Lherbier, puis la disparition ayant eu lieu dans l'Yonne, il se verra charger de la totalité de l'enquête.
Grâce aux cartes bancaires des deux femmes, les enquêteurs retrouvent la trace de celui qui devient le principal suspect : Jean-Pierre Treiber. "Au bout de 48 heures de garde à vue, il est déféré et présenté au juge, raconte Michel Meurant. Là, il est mis en examen du chef d'enlèvement, séquestration et escroquerie."
Des fouilles sont ensuite menées à son domicile et, c'est dans un puisard, au fond de son jardin, que sont retrouvés les corps des deux femmes. Elles ont vraisemblablement été empoisonnées à l'aide d'un gaz très toxique : la chloropicrine, qui est à disposition des garde-chasses. Métier qu'exerce Jean-Pierre Treiber.
Cette affaire, moi, elle est marquée dans ma chair
Michel Meurant
S'ajoutent à ces éléments troublants, le fait que le principal suspect semblait connaître la tante de Géraldine Giraud, intermédiaire par lequel la comédienne avait fait connaissance avec Katia Lherbier.
"Et un an après le début de l'affaire, les policiers de la PJ de Dijon vont trouver la tenancière d'une brasserie de Fontainebleau qui dira avoir vu dans son établissement Jean-Pierre Treiber en compagnie de Marie-Christine", explique Michel Meurant. Mise en examen, Marie-Christine Van Kempen nie, et est relâchée le 27 février 2006.
Trois ans plus tard, Jean-Pierre Treiber s'évade de la maison d'arrêt d'Auxerre où il est incarcéré dans l'attente de son procès. Il écrit alors une lettre aux médias dans laquelle il clame son innocence. Arrêté de nouveau, il meurt en prison en 2010. "On n'a jamais démontré l'implication de quelqu'un d'autre", indique aujourd'hui Michel Meurant.
L'affaire est prescrite mais hante encore le magistrat. "J'ai failli y laisser ma vie, se remémore-t-il. Lors de la reconstitution chez Treiber, j'ai fait un infarctus massif qui a failli me coûter la vie. Donc, cette affaire, moi, elle est marquée dans ma chair."
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