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Frédéric Péchier
Crédit : SEBASTIEN BOZON / AFP
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Mercredi 11 janvier 2017. Sandra Simard pénètre dans le bloc opératoire de la clinique Saint-Vincent, à Besançon. Cette jeune mère de famille, 36 ans, souffre d'une hernie discale. Le chirurgien doit lui poser une prothèse.
L'anesthésiste, le docteur Anne-Sophie Balon-Dole, a décrit une patiente "qui ne présente pas de risque particulier anesthésique". Pourtant, une heure plus tard, Sandra Simard est en arrêt cardio-respiratoire. Un autre anesthésiste, le docteur Frédéric Péchier, juste à côté, vient prêter main-forte à ses collègues. Il sauve de la mort la mère de famille qui reste cinq jours dans le coma.
Neuf jours après l'accident de Sandra Simard, les policiers viennent saisir les poches de perfusion incriminées à la clinique. Ils sont à Saint-Vincent quand, au bloc, Jean-Claude Gandon, 70 ans, opéré pour un cancer de la prostate, présente soudain des troubles cardiaques. L'anesthésiste, Frédéric Péchier, le sauve grâce à une injection. Peu auparavant, le médecin avait découvert, dans la table d'anesthésie, des poches de paracétamol percées. On a ajouté à l’intérieur de la mépivacaïne et de la lidocaïne.
Un mois après le premier incident à Saint-Vincent, l'Agence régionale de Santé rend un premier rapport. Le document recense quatre autres cas semblables à Sandra Simard et Jean-Claude Gandon dans la même clinique depuis 2008. La police judiciaire indique que sur les 1.514 personnes travaillant dans ces établissements entre 2008 et 2017, seul Frédéric Péchier était présent lors de chaque incident.
Samedi 4 mars 2017, le docteur Fréderic Péchier est placé en garde à vue. Interrogé sur les accidents cardiaques de Sandra Simard et Jean-Claude Gandon, il penche pour une malveillance. Il raconte la mauvaise entente qui existe entre anesthésistes, des "comportements égoïstes et hypocrites", selon lui. Nathalie Péchier, épouse de l'anesthésiste, est entendue. Elle le décrit comme un médecin ayant une "conscience professionnelle hors norme".
Les enquêteurs continuent à comptabiliser les décès suspects pouvant être reliés à Frédéric Péchier. Un cas particulièrement dramatique est ajouté à liste. Celui du petit Teddy, quatre ans. Le 22 février 2016, il est à Saint-Vincent pour une opération des amygdales. Il fait un arrêt cardiaque.
Le docteur Péchier, appelé au secours, arrive une minute plus tard. C'est lui qui donne des consignes à ses collègues. De la lidocaïne et du potassium sont détectés dans une seringue. Teddy survit mais souffre encore aujourd’hui de troubles neurologiques. Frédéric Péchier affirme qu’il n’a rien fait à l’enfant. Il pense qu’on lui en veut et qu’on fait tout pour "monter un dossier contre lui".
La PJ de Besançon collecte des témoignages contrastés sur Frédéric Péchier. Sa famille le décrit comme gentil, bienveillant, paternel, serviable. Sa mère le pense "plus qualifié que ses collègues". Côté collègues justement, l’un d’eux estime que Péchier souffre d’un "complexe de supériorité", un autre le trouve "un peu arrogant, un peu prétentieux". Une anesthésiste fait état d'une personnalité "destructive, perverse, dotée d'un égo démesuré".
Willy Graff, journaliste chef d'agence pour l'Est Républicain, livre son analyse sur cette abondance de commentaires négatifs à l'égard du suspect. "Au départ il y a une sidération collective. Au-delà de l’identité de l’empoisonneur, on ne comprend pas qu’un médecin puisse être malveillant. Cette thèse a mis des mois à infuser dans l’esprit de tout le monde. Beaucoup de collègues se sont lâchés, soit on l’admire, soit il agace", explique-t-il.
Un jour je lui demande comment il va. Il me dit écoute cette chanson : le temps qu’il lui reste. Il m’a toujours dit que : acquitté ou condamné sa vie était finie ». Sa femme l’a quitté, il ne peut plus voir ses enfants. Il est tombé dans une profonde dépression.
Plana Radenovic, journaliste police justice à RTL
En septembre 2021, les pompiers de Poitiers sont appelés pour la chute d'un homme depuis la fenêtre de sa chambre. Frédéric Péchier est découvert semi-inconscient, très alcoolisé, victime d'un traumatisme crânien et thoracique. Une semaine auparavant, il avait adressé à sa mère un SMS disant qu'il voulait en finir avec la vie mais souhaitait mourir innocent.
L'état dans lequel cette affaire l'a plongé l'un des sujets abordés dans le dernier ouvrage de Plana Radenovic, journaliste police et justice à RTL, intitulé : Le temps qu’il lui reste – Dans la tête de Frédéric Péchier. Un titre qui n'est pas choisi au hasard. Elle nous raconte : "Un jour je lui demande comment il va. Il me dit écoute cette chanson : Le temps qu’il lui reste. Il m’a toujours dit qu'acquitté ou condamné, sa vie était finie. Sa femme l’avait quitté et il ne pouvait plus voir ses enfants. Il était tombé dans une profonde dépression".
Lundi 8 septembre 2025, le docteur Frédéric Péchier, 53 ans, doit faire son entrée dans la salle de la cour d'assises du Doubs, à Besançon. Soixante-douze parties civiles, représentant les trente victimes retenues, sont annoncées. Près de quatre mois d'audience sont programmés. Un gigantesque dossier qui compte 27.000 procès-verbaux et soixante rapports d'expertises.
"C'est un moment que les victimes attendent depuis longtemps, le plus tôt on pourra entendre l'accusé, le mieux ce sera", indique Me Frédéric Berna, avocat de la partie civile.
- Plana Radenovic, journaliste police justice à RTL et auteure du livre : Le temps qu'il lui reste - Dans la tête de Frédéric Péchier.
- Willy Graff, journaliste chef d'agence pour L'Est Républicain.
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