Le compagnon d'Elisa Pilarski a été mis en examen pour homicide involontaire, a indiqué le Parquet de Soissons, jeudi 4 mars. La jeune victime de 29 ans, enceinte de six mois, avait été retrouvée morte le 16 novembre 2019 dans la forêt de Retz à Saint-Pierre Aigle, dans l'Aisne.
En cause : "Une hémorragie consécutive à plusieurs morsures aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu'à la tête", selon le rapport d'autopsie. Christophe Ellul clame son innocence malgré de nombreux indices qui prouveraient que son chien Curtis, un American Pitbull Terrier à l'origine de l'attaque, avait été dressé pour tuer .
Laissé libre par la justice, l'homme a été placé sous contrôle judiciaire et fait donc l'objet de poursuites "pour avoir par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité (...) involontairement causé la mort" de sa compagne, explique un communiqué du procureur de la République de Soissons, Julien Morino-Ros. Dans cette affaire, dans laquelle une information judiciaire avait été ouverte contre X en novembre 2019, il s'agit de la première mise en examen.
Après la découverte du corps de la jeune femme, des chiens de chasse à courre, présents non loin du site dans cette forêt de l'Aisne, avaient dans un premier temps été pointés du doigt. Christophe Ellul a même avancé que sa compagne l'avait appelé, se disant "attaquée par plusieurs chiens".
Or, le rapport d'expertise, de deux vétérinaires mandatés par la justice, a rapidement statué que Curtis, provenant d'un élevage des Pays-Bas et introduit illégalement en France par son acquéreur, était "l'unique auteur des morsures ayant causé le décès", expliquaient les spécialistes dans le texte, publié le 31 octobre 2020.
Pourquoi la responsabilité reviendrait-elle au compagnon d'Elisa Pilarski ? La cause : un dressage "contre nature" qui a façonné chez Curtis un comportement de "prédation détourné de sa finalité". Une éducation défaillante, relevant d'une "forme de maltraitance animale", imputée au mis en cause, peut-on lire dans les colonnes du Monde.
Curtis, entraîné pour des concours en France, est "obnubilé par le fait de mordre, quel que soit l'objet, et ne connaît pas l'inhibition de la morsure sur les humains, même familiers". Le ministère public avait donc désigné le pitbull responsable, en s'appuyant également sur les analyses ADN et les examens des morsures menées.
Le parquet de Soissons a retenu que l'animal avait "fait l'objet d'un dressage au mordant". Cette forme d'apprentissage est interdite en France : elle peut "relever d'actes de maltraitance animale", étant "de nature à abolir toute capacité de contrôle ou de discernement" chez le chien.
Des faits démentis par Christophe Ellul qui a toujours clamé l'innocence de son chien : "Curtis est innocent. Il n'aurait jamais tué Elisa", avait-il assuré en novembre devant la presse, désignant à nouveau comme responsable l'équipage de chasse. L'accusé avait demandé une contre-expertise, une requête rejetée en janvier par le juge d'instruction, décision contre laquelle il a fait appel.
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