Mardi 6 novembre 2012, Patrick P., homme à tout faire de Christiane Roger, 83 ans, retrouve la vielle dame morte, étendue sur le dos dans sa maison située à Perreux-sur-Marne, à une quinzaine de kilomètres de Paris. Le décès n'a rien de naturel, elle a été étouffée. La légiste note des hématomes à la joue gauche, ainsi qu'au nez, et une côte est cassée.
La brigade criminelle inspecte son pavillon. Il ne s'agit sûrement pas d'un cambriolage, rien n'a été volé. Tout porte à croire qu'on est venu pour la tuer. Les policiers s'intéressent à une vidéo, tournée quelques semaines auparavant, devenue virale sur les réseaux sociaux. On y voit Christiane Roger, alias “tatie Danielle”, se disputer et insulter des ouvriers terrassiers chargés d'ériger un mur mitoyen. Et si la vieille dame avait payé du prix le plus fort son sale caractère et de son agressivité ? Les vérifications ne donnent rien.
Les policiers se penchent alors sur l'entourage de cette veuve, dont le mari est décédé sept ans auparavant. Elle a aussi perdu sa fille unique depuis longtemps, morte d'une méningite foudroyante. Christiane Roger la détestait, car elle était le fruit du viol d'un soldat allemand à la fin de la guerre. Elle ne portait pas non plus sa petite-fille, Chantal Chezeau, dans son cœur.
Cette dernière est d'ailleurs interrogée par la brigade criminelle. "Nous n'avions aucune relation humaine", dit-elle. La petite-fille raconte avoir hérité, avec elle, de la maison du Perreux à la mort du grand-père. Avec son mari, Patrice Chezeau, surveillant pénitentiaire, la petite-fille de Christiane Roger était bien décidée à récupérer sa part, malgré les obstacles. Le mobile semble donc tout trouvé.
Les enquêteurs disposent d'un enregistrement de vidéosurveillance. À 21h43, le couple est aperçu devant la maison de Christiane Roger par l’une des 67 caméras du quartier. Deux heures plus tard, à 23h40, Patrice Chezeau est filmé tout seul. Il enjambe le portail et ressort de la propriété à 1h46 du matin.
Interpellé, il explique que son épouse souffrait de la guerre avec sa grand-mère au sujet de la vente de la maison. Il fallait que tout cela cesse alors, il s'est rendu seul au pavillon pour discuter avec Christiane. Elle lui aurait crié : "Qu'est-ce que vous faites là abruti ?". "Je lui ai dit : 'Il faut que ça s'arrête, je vais te tuer '. Elle m'a répondu : 'Tant que je serai vivante, vous n'aurez rien, toi et ta pute de femme et tes bâtards d'enfants'." Le mari dit lui avoir bouché la bouche et le nez avec un oreiller. "J'ai été trop loin, déclare-t-il en pleurant, mais ce n'est pas à ma femme de payer les pots cassés. Il fallait que ça finisse comme cela, ce n'était pas possible autrement".
Les policiers examinent la situation financière de Chantal et Patrice Chezeau. Ils se demandent si la haine du couple pour Christiane Roger ne serait pas un paravent pour cacher le véritable mobile : l'argent, la maison étant estimée à 600.000 euros. À la période du crime, les comptes en banque des Chezeau apparaissent en effet au plus bas. Une situation précaire que le mari reconnait : "On n'a jamais été riche. Avant d'avoir à régler la succession de la maison, nous nous en sortions. Depuis, c'était la descente aux enfers". Le mari ajoute que son épouse a plusieurs fois demandé à Christiane Roger de vendre, sans succès. "On voulait juste récupérer la part de ma femme, poursuit le mari. La grand-mère nous a détruits, elle nous a tués, elle a commis un double meurtre."
Mardi 27 janvier 2015, Chantal Chezeau, 43 ans, et Patrice Chezeau, 44 ans, sont devant la cour d'assises du Val-de-Marne, à Créteil. Le mari répète qu'il n'a jamais prémédité son geste. "Je ne suis pas un assassin, je suis un meurtrier. Il y avait des caméras partout, je ne portais pas de gants, si j'avais prémédité ce crime, je serais le roi des débiles". La magistrate décrit un couple qui s'est "autoalimenté dans la haine, avec une épouse qui a boosté et piloté son champion de mari par SMS la nuit du crime". Le couple est finalement condamné à la même peine : 18 ans de prison.
"Le jackpot allait arriver de manière non violente. Mais ayant commis le crime, ils ont été privés de la succession par la Cour d'assises", indique Me Franck Brami, avocat de Patrice Chézeau. Pourtant, jusqu'au procès, personne ne savait que Christiane Roger avait déshérité sa petite-fille pour la part de sa maison. Elle avait inscrit à sa place dans le testament, le nom de Patrick P., son homme de confiance. C'est lui qui avait découvert son corps.
- Me Franck Brami, avocat au barreau de Paris, avocat de Patrice Chézeau.
- Me Gaëtan Poitevin, avocat au barreau de Marseille, avocat de Chantal Chézeau, la petite-fille de Christiane Roger.
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