Affaire Chantal Seguineau : la mort au milieu des vignes

Dix-huit ans que la famille de Chantal Seguineau attend un signe, un indice, une confession qui pourra lui permettre de faire la lumière sur l'assassinat de cette ouvrière viticole et mère de deux enfants. C'était au printemps 2006, dans un vignoble du bordelais. Une mort sans témoin, sans cri et sans mobile apparent.

L’affaire aurait dû être bouclée rapidement tant les hypothèses, plus attrayantes les unes que les autres, se sont succédées : celle d'un simple rôdeur, d'un familier atteint de troubles psychiatriques, d'un mystérieux amant, d'un mari jaloux et même d'un tueur en série. Pendant des années, les enquêteurs ont ainsi cherché un détail caché qui, dans l'existence laborieuse de Chantal, allait tout changer, en vain. 

Le dossier a été l'un des premiers à rejoindre le pôle des cold-cases en 2022. À l’intérieur, deux ADN masculins inconnus. Vont-ils permettre de remonter jusqu'à l'auteur de ce crime discret perpétré en une poignée de minutes ?

Ce n'est pas quelqu'un qui a frappé au hasard

Josiane Hocdé, la sœur de Chantal Seguineau

Les proches de Chantal Seguineau la décrivent comme une femme qui n'était pas du genre à se laisser faire. Pourtant, la scène de crime montre qu'elle ne s'est pas défendue. Sans doute a t-elle été surprise ou ne s’est pas méfiée de son agresseur. Sa sœur, Josiane Hocdé, est certaine que l'auteur de ce meurtre violent se trouve dans l'entourage de Chantal. "Je reste persuadée que c'est quelqu'un qui connaît ma famille, qui connaissait ma sœur. Ce n'est pas quelqu'un qui a frappé au hasard", affirme-t-elle dans L'Heure du crime. 

Didier Seguineau, le mari de Chantal, va être longuement interrogé par les gendarmes. Les relations entre mari et femme n'étaient pas au beau fixe puisque huit mois avant sa mort, Chantal découchait. Didier Seguineau sera finalement écarté de la liste des suspects. 

Deux autres morts violentes de jeunes femmes vont attirer l'attention des enquêteurs qui ne vont pas exclure la piste d'un tueur en série. Les scènes de crime sont similaires à celle de Chantal Seguineau à la différence que les corps des deux jeunes femmes ont été partiellement brûlés. Pendant des mois, les gendarmes vont plancher sur l'hypothèse d’un assassin itinérant. Une piste qui finit par s'étioler.

L'espoir de l'ADN

En 2015, neuf ans après l'assassinat, l'enquête connaît un rebondissement avec la découverte de deux traces ADN. Les deux ADN sont comparés à ceux figurant au FNAEG, le fichier des empreintes génétiques, mais aucune correspondance n'est trouvée. Me Mathilde Livenais, l'avocate de Josiane Hocdé et invitée de L'Heure du crime, ne perd pourtant pas espoir.

"On sait qu'il y a des affaires judiciaires qui ont été élucidées des années plus tard par des faits qui n'ont rien à voir, un prélèvement qui est fait dans le cadre d'une affaire et qui permet de remonter une piste. C'est un vrai espoir que cet ADN tourne et que le FNAEG s'enrichisse chaque année de nouveaux prélèvements, de nouveaux profils supplémentaires", explique-t-elle. 

Depuis décembre 2022, le dossier est au pôle cold cases de Nanterre. Dix-huit ans après, la famille de Chantal Seguineau espère une réponse. "Je suis persuadée qu'il y a des gens qui savent" ne peut que répéter Josiane, la sœur de l'ouvrière agricole.

Les invités de l'émission

- Thibault Raisse, journaliste, auteur d'une enquête publiée dans le magazine Elle en juillet 2024 sur le meurtre de Chantal Seguineau : Meurtre dans les vignes. L'enquête, en quatre parties, est à retrouver sur Elle.fr. Il est également l'auteur du livre Le con de minuit, publié aux éditions Denoël. 
- Josiane Hocdé, sœur de Chantal Seguineau.
- Me Mathilde Livenais, avocate au barreau d'Angers et avocate de Josiane Hocdé.

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