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Affaire Caroline Pirson : quels sont les éléments qui interrogent la culpabilité du principal suspect ?

PODCAST - Caroline Pirson est retrouvée morte chez elle le 31 décembre 2016. Les enquêteurs suspectent rapidement Gérald Descamps, un de ses amants. S'il fait fait figure de suspect idéal, plusieurs éléments sèment le trouble sur sa potentielle culpabilité.

Photo d'illustration de la police.
Crédit : Pascal GUYOT / AFP
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Jean-Marie Goix - édité par Justine Audollent
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Un meurtre sauvage à la veille du réveillon de la Saint-Sylvestre. Le 30 décembre 2016 à Saint-Quentin dans les Hauts-de-France, Caroline Pirson, une quadragénaire sourde et muette, est tuée de 16 coups de couteau au visage.

En passant l'appartement au peigne fin, les enquêteurs vont très vite avoir la confirmation que la femme de 47 ans connaissait son agresseur. En effet, malgré l'heure tardive, elle aurait ouvert sa porte en toute confiance. "Elle était plutôt méfiante, donc elle n'aurait pas ouvert à n'importe qui", indique Michel Mary, chroniqueur judiciaire, dans Enquêtes criminelles

Qui aurait pu s'en prendre à Caroline de façon aussi violente ? La réponse se trouve dans la vie privée de la victime car si elle semblait former un couple harmonieux avec Patrick son fiancé, en réalité, elle avait de nombreux amants dont un certain Gérald Descamps. 

Un suspect idéal

Gérald Descamps a 47 ans. Il est séparé de sa seconde compagne avec qui il a eu deux enfants et travaille en contrat à durée indéterminée dans une entreprise à quelques kilomètres de Saint-Quentin. Il a une vie somme toute classique, simple, avec peu de relations sociales. Lui et Caroline se connaissent bien car ils sont amis d'enfance. 

Son nom apparaît dans l'enquête car juste après la mort de Caroline Pirson, un retrait est effectué avec la carte bancaire de cette dernière. La caméra de surveillance de la rue révèle un homme, pas identifiable, à proximité du distributeur automatique et son scooter. Une semaine après le meurtre, le mystérieux voleur va commettre un faux pas. Trop cupide, il va finir par vider entièrement le compte de Caroline et la carte bancaire est avalée par le distributeur. Les enquêteurs la récupèrent et découvrent un ADN masculin dessus. Il appartient à Gérald Descamps. 

"Gérald est le parfait candidat pour être suspect. Il a un scooter qui semble correspondre à celui qu'on voit sur la vidéosurveillance. Et in fine, on retrouve son ADN sur la carte bleue de la victime quand elle est absorbée par la banque. Donc j'ai envie de vous parler d'un paquet cadeau", détaille Michel Mary.

Un mobile financier

Trois semaines après la mort de Caroline Pirson, Gérald Descamps est placé en garde à vue et d'emblée, il y a un problème avec l'emploi du temps du suspect le soir du meurtre. Il n'a pas d'alibi. Les policiers pensent avoir la preuve que Gérald était chez Caroline très peu de temps avant le meurtre. Son ADN est retrouvé sur une petite cuillère présente dans l'évier de Caroline. Cette dernière étant ordonnée, elle ne l'aurait pas laissée traîner dans l'évier longtemps.

Face à cette révélation fracassante, Gérald Descamps commence à vaciller. Contrairement à ses premières déclarations, il reconnaît avoir eu des contacts récents avec la victime. Malgré tout, il continue d'affirmer qu'il n'est pas le meurtrier, pas plus que l'homme qui a vidé les comptes de la victime. Pour les enquêteurs, son mobile est uniquement financier. Accro aux jeux de hasard, il a été placé sous tutelle financière. 

Plusieurs points d'interrogation dans l'enquête

Si tout semble accuser Gérald Descamps, il reste dans cette affaire plusieurs points d'interrogation. Caroline a été frappée 16 fois au visage avec une arme blanche. Lors d'un tel déferlement de violence, l'agresseur laisse habituellement une trace ADN sur la scène de crime. Sauf que là, il n'y a rien.

Les policiers ont-ils vraiment exploré toutes les pistes ? À ce sujet, un point sème le trouble. D'autres traces ADN ont été relevées dans ce dossier et personne ne sait à ce jour à qui elles appartiennent. Ainsi, un ADN masculin a été retrouvé sur le dessus de la paume de la main de la victime mais n'a pas été identifié à ce jour.

Autre élément d'interrogation, le secteur de recherches du meurtrier. Les enquêteurs se sont limités au monde des sourds car des prothèses auditives de la victime avaient disparues. Mais Caroline fréquentait aussi des gens qui n'étaient pas sourds. De même, ils n'ont pas exploité l'idée que ça pouvait peut-être une femme, celle d'un de ses amants. L'arme du crime qui n'a jamais été retrouvée pourrait d'ailleurs correspondre à un accessoire typiquement féminin : un talon aiguille. 

Le 18 novembre 2020, Gérald Descamps est jugé coupable et condamné à 20 ans de réclusion par la cour d'assises de Lens pour le meurtre de Caroline Pirson. Ses avocats font appel. Pour l'accusé, c'est le moment ou jamais d'avancer une preuve qui pourrait le disculper.

Une expertise informatique qui pourrait tout relancer ?

Le 25 avril 2022 s'ouvre à Amiens le procès en appel de Gérald Decaux. Pour l'accusation, ce qui accable le suspect, ce sont les traces ADN sur la carte bancaire de la victime. Et surtout, ces images de vidéosurveillance sur lesquelles l'homme en scooter noir est censé être Gérald Descamps. Nous sommes le soir du meurtre, à 22h46. Seulement, en pleine audience, une expertise informatique révélée par la défense vient tout remettre en question.

Il a été démontré que l'homme de 47 ans, à 22h50 et quelques secondes, était chez lui, sur son ordinateur, puisqu'il s'est connecté à son compte Facebook. Le retrait s'est fait à 22h46 et le scooter démarre à 22h48. Le delta de temps pour effectuer le trajet entre le distributeur et son domicile, rentrer le scooter dans son domicile, monter à l'étage et se connecter à Facebook semble assez court.

Pourtant, Gérald Descamps est à nouveau jugé coupable et condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Ses avocats ont déposé un pourvoi en cassation. En attendant son examen et un éventuel nouveau procès, l'homme reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés et qu'il nie toujours. 

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>> Enquêtes Criminelles, c'est le magazine des faits divers sur W9, présenté par Nathalie Renoux. C'est aussi un podcast. Chaque semaine, Jean-Marie Goix raconte une affaire emblématique qui fait ou qui a fait la une de l'actualité.

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