Affaire Bétharram : que contient le livre du lanceur d’alerte Alain Esquerre ?

Dans ce livre, les témoignages chocs se succèdent. Le silence de Bétharram, publié aux éditions Michel Laffont et écrit par Alain Esquerre, vient de paraître ce jeudi 24 avril. Le porte-parole du collectif des victimes de l'institution relate les horreurs subies par d'anciens élèves pendant des décennies. 

Ces victimes témoignent de scènes glaçantes, de gifles parfois jusqu'à en perdre l'audition, les brimades, les humiliations, les punitions où les jeunes restent dehors en sous-vêtements pendant des heures en pleine nuit. Jean-Rémy, un ancien élève résume : "La douche, ce repère à pédos. Quand c'est ton tour, tu as une minute pour te savonner, 30 secondes pour te rincer. Si tu as de la chance, tu as un peu d'eau tiède. Après, il faut sortir vite. Si les délais ne sont pas respectés, deux paires de claques."

Le silence, puis le déni

Et puis, il y a les violences sexuelles, les viols infligés par des religieux et des laïcs dans les dortoirs ou le bureau du directeur. Les élèves aux mauvais résultats scolaires sont souvent visés, ceux avec une origine sociale modeste aussi, mais pas seulement. Parmi ces témoignages, il y a aussi celui de la fille aînée de François Bayrou.
Hélène Perlant a 14 ans quand elle se rend dans un camp de vacances animé par un curé de la congrégation à laquelle appartient Bétharram. L'homme la juge insolente, comme son père. Ce que la congrégation nie dans un communiqué. L'homme attrape la jeune fille par les cheveux et la traîne au sol. Avec la force de ses cent vingt kilos, il la roue de coups de pied et de coups de poing. "Je me suis urinée dessus et suis restée toute la nuit comme ça, humide et prostrée dans mon duvet", décrit Hélène Perlant. 

Autour d'elle, personne n'intervient et comme beaucoup de victimes, elle ne parlera jamais de cet épisode jusqu'à aujourd'hui. Le livre met en avant le silence institutionnalisé et le déni des victimes qui refoulent l'horreur et peinent souvent à réaliser les faits, jusqu'à en normaliser la brutalité.