Affaire Bernardy de Sigoyer : qui était ce marquis tueur, condamné à mort pour le meurtre de sa femme ?

Le 30 mars 1944, une mère, inquiète de l'absence de sa fille Jeanine, alerte les autorités de cette mystérieuse disparition. Sans hésiter, Suzanne Kergot, la mère de la disparue, fait part de ses doutes aux policiers. Elle soupçonne son gendre, Alain, un marquis du nom de Bernardy de Sigoyer, d'en être le responsable.

Dans L'Heure du Crime dédiée aux "aristos du crime", Matthieu Frachon, ancien grand reporter, auteur et conférencier spécialiste de l’histoire de la police, brosse le portrait de cet homme mystérieux. 

"C'est un magnifique escroc, qui est très malin, intelligent, et qui va compenser effectivement une naissance certes prestigieuse mais totalement désargentée. En arrivant en France, il va commencer par faire ce qu'il fait le mieux, c'est-à-dire séduire, se faire entretenir. Même si quelques tâches commencent à arriver, on se dit 'tiens, il aurait peut-être bien aussi enlevé sa première fiancée', et deux trois trucs bizarres", explique l'auteur. 
Aussitôt, le suspect est arrêté. L'interrogatoire musclé que lui font subir les agents ne permet pas d'aboutir à des aveux. Alain Bernardy de Sigoyer nie toute implication. 

Malgré les dénégations, un nouveau témoignage s'ajoute. Irène, la maîtresse d'Alain Bernardy de Sigoyer - et employée de maison - fait d'importantes révélations au commissaire chargé de l'enquête. Elle explique que Jeanine, qui aurait découvert l'adultère, aurait sommé son mari de partir de la maison, et de divorcer. 

Un scénario impossible pour le marquis. "Cela veut dire laisser la moitié de la fortune que le marquis a fini par accumuler et laisser la moitié à Jeanine ? Hors de question. Qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ? On tue Jeanine. Rien de plus simple", explique Matthieu Frachon. Sous prétexte d'une somme à récupérer, le marquis attire alors son ex-femme en devenir dans un guet-apens mortel. 

Un crime macabre pour lequel Alain Bernardy de Sigoyer, unique suspect de cette affaire, est condamné à la peine capitale. Le 11 juin 1947, il est guillotiné à la prison de la Santé à Paris.