3 min de lecture
Affaire Robert Pickton : les disparues de la ferme de l'horreur
PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur la trajectoire inouïe de Robert Pickton, un fermier canadien présenté en 2002 comme l'un des pires tueurs en série jamais recensés avec une cinquantaine de femmes tuées. Il aurait pu être démasqué bien plus tôt...
La campagne de fouilles dans la ferme de Robert Pickton
Crédit : JEFF VINNICK / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Le fermier Robert Pickton est le plus grand tueur en série du Canada et l'un des plus importants de l'histoire du crime. Il a lui-même confié avoir tué quarante-neuf femmes, précisant qu'il avait pour objectif d'arriver au chiffre rond de cinquante victimes.
L'arrestation du fermier Pickton va plonger les enquêteurs au cœur d'un film d'horreur. Le rôle principal étant tenu par un homme qui, pendant presque une dizaine d'années, a tranquillement assassiné ses victimes. Plus personne ne retrouvait leurs traces : leurs corps étaient livrés aux cochons.
Des dénonciations auraient dû attirer l'attention des autorités mais celles-ci sont restées inertes. Quand elles sont allées voir ce qui se passait derrière les murs de cette ferme, en arrêtant Robert Pickton en 2002, il était déjà trop tard.
Ça a démontré l'existence, à l'époque, d'un problème systémique au sein des corps policiers qui était de faire quasiment une différence entre les bonnes et les mauvaises victimes
Kim Rosso, ancien policier et criminologue
Pourtant, Robert Pickton aurait pu être démasqué dès 1997 après le signalement d'une jeune femme qui avait réussi à s'échapper de la ferme. Un laxisme des autorités qui a permis au fermier de poursuivre sa folie meurtrière. "Je pense qu'il y a eu pas moins de treize meurtres entre le moment où Pickton a été suspecté et le moment où il a été enfin arrêté. Treize meurtres qui auraient pu être évités", précise Kim Rosso, ancien policier et criminologue, invité de L'Heure du crime.
Un attentisme qui s'explique par le profil des victimes : des prostituées toxicomanes, des femmes en marge de la société et qui pouvaient disparaître facilement sans que personne ne s'en aperçoive. Les familles des victimes n'ont jamais réussi à se faire entendre.
"Ça a démontré l'existence, à l'époque, d'un problème systémique au sein des corps policiers qui était de faire quasiment une différence entre les bonnes et les mauvaises victimes", ajoute Stéphane Berthomet, ancien policier et invité de L'Heure du crime.
C'est l'un des plus grands ratés policiers du XXe siècle
Stéphane Berthomet
En 2012, l’enquête publique ouverte sur l’affaire Pickton et le travail de la police et de la gendarmerie, rend ses conclusions. Le rapport indique que le profil des victimes a entraîné une certaine inertie chez les enquêteurs. "C'est l'un des plus grands ratés policiers du XXe siècle", déclare Stéphane Berthomet, ancien policier et réalisateur de podcasts.
Jeudi 22 février 2024, Robert Pickton, 75 ans, est déclaré apte à formuler une demande de semi-liberté. Les psychiatres considéreraient que l'homme n'est plus dangereux. En 2007, il avait été condamné à perpétuité pour seulement six des vingt-six meurtres dont il est accusé, avec une peine de sûreté de 25 ans.
Les invités de l'émission
- Kim Rosso, ancien policier et criminologue, spécialiste du profilage géographique
- Stéphane Berthomet, ancien policier, créateur et réalisateur de podcasts. Son dernier podcast Contre-enquête est disponible sur toutes les plateformes d’écoute, avec chaque jeudi un nouvel épisode sur une affaire criminelle
