Affaire Anne Barbot : comment les amants sont-ils devenus des assassins ?

Samedi 16 mars 2013, la responsable du rayon fruits et légumes du magasin Super U de Candé, à une demi-heure d'Angers, s'étonne de l'absence d'Anne Barbot, 38 ans. L'employée vit tout près dans une ferme avec son mari, Didier Barbot, 40 ans. Prévenu, il file tout de suite à la gendarmerie de Saint-Mars-la-Jaille, rongé par l'inquiétude.

Au lendemain de la disparition d'Anne Barbot, l'époux rassemble tous ses amis à la ferme. Sur la table de la cuisine, il a déplié trois ou quatre cartes IGN. Les volontaires vont ainsi sillonner la campagne, visiter des maisons en ruines, des granges isolées, ratisser les bois et les vallons... Tout le monde salue le combat de Didier Barbot.

Mercredi 27 mars 2013, à un quart d’heure du village de Vritz, un étudiant qui fait son jogging dans la forêt de Saint-Michel-et-Chanveaux aperçoit une voiture totalement incendiée, à l'écart du chemin. La plaque d'immatriculation carbonisée correspond à celle de la voiture d'Anne Barbot, avec à l'intérieur, un corps carbonisé. Après analyse, il s'agit bien d'Anne Barbot, mais impossible de déterminer la cause du décès. "Le salaud qui a fait ça, je le tuerai moi-même", murmure Didier Barbot.

L'ombre d'une autre femme

Un soir, alors que Didier Barbot est attendu à dîner chez des amis, une femme, Stéphanie Livet, 38 ans, fait irruption. Elle dit connaître Didier et a peur qu’il se suicide. Les gendarmes sont prévenus et découvre Didier Barbot dans sa voiture, le tuyau d'échappement branché dans l'habitacle. Il est vivant.

Mais qui est donc cette Stéphanie Livet qui connaît si bien Didier Barbot ? Elle a deux enfants, séparée de son mari, et s'est installée à Vritz depuis trois ans. L’étude de la téléphonie indique que la veille de la disparition, Stéphanie et Didier ont échangé au moins soixante-quinze messages. Ils sont placés en garde à vue, démentant toute implication dans la mort d'Anne Barbot. Ils reconnaissent simplement entretenir une liaison secrète depuis trois ans. 

Puis, le couple d’amants craque. Le mari raconte que tous deux avaient imaginé tuer Anne. Le vendredi 15 mars au soir, Stéphanie s’est cachée dans le garage de la ferme pendant que lui dînait avec sa femme. Il s'est absenté une minute quand, dans le garage, Stéphanie Livet a coupé l'électricité. Anne est parti au garage pour remettre le courant et il l'a frappée dans la pénombre, à la tête, avec une buche. Elle respirait encore alors Stéphanie Livet a pris une ficelle en nylon et pendant de longues minutes l'a étranglée. À bout de force, ce serait, selon elle, Didier qui aurait terminé le travail.

Incapable de divorcer

Devant la juge de Nantes, Didier Barbot raconte que Stéphanie Livet lui avait demandé plusieurs fois de quitter sa femme. Il en était incapable alors Stéphanie lui aurait alors soufflé l'idée de tuer Anne. Des propos que dément l'amante. Selon elle, c'est lui qui a eu l'idée. L’agriculteur s'inspirait de série policières qu'il regardait à la télé.

"Il a pensé que Noah, le petit garçon de Stéphanie Livet, était de lui. Et il avait la possibilité d'avoir un enfant avec cette maîtresse alors qu'avec Anne, il ne pouvait plus en avoir. Donc effectivement, c'était la possibilité d'un avenir un deux, indique Anne-Sophie Martin, journaliste et réalisatrice indépendante qui a réalisé un Faites entrer l’accusé sur l'affaire. Je pense qu'il avait vraiment une personnalité complètement refermée sur lui-même, qu'il avait vécu sa vie un peu normalement et que cette femme est venue tout décloisonner. Il l'a vraiment aimée et il ne s'autorisait pas à divorcer, donc il fallait la tuer."

Jeudi 14 janvier 2016, Didier Barbot, 43 ans, et Stéphanie Livet, 40 ans, se retrouvent devant la cour d'assises de Loire-Atlantique, à Nantes. Le projet de l'assassinat, c'est tous les deux précise le mari. Il n'a pas agi sous l'emprise de Stéphanie, mais il ne pouvait plus continuer à avoir deux vies. Après la déposition du médecin légiste et la diffusion des photos du cadavre, Didier Barbot murmure : "C'est horrible ce qu'on lui a infligé". L'avocat général désigne le mari comme étant à l'origine d'un assassinat macabre. Sa maîtresse n'a fait qu'adhérer au projet, dit le magistrat. Didier Barbot est condamné à trente ans de prison, 25 pour Stéphanie Livet.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Anne-Sophie Martin, journaliste et réalisatrice indépendante, a réalisé un Faites entrer l’accusé sur l’affaire Anne Barbot : Trahison sanglante (diffusé en 2008).
- Dominique Rizet, journaliste police-justice à BFM et RMC, co-présentateur d’Affaires Suivantes sur BFM et co-présentateur de Faites entrer l’accusé sur RMC.

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