"Je ne serai jamais militaire et je ne me marierai jamais avec un militaire", avait-elle déclaré dans sa jeunesse. Et pourtant, Maï-Linh Camus a fait tout le contraire. Après l'obtention de son master en droit des affaires, la jeune femme éprouve l'envie d'embrasser une carrière de réserviste militaire. "Je voulais être réserviste juriste, c'est-à-dire mettre les compétences du droit au service des armées", indique l'invitée d'Anaïs Bouton. Elle choisit l'armée de terre, comme son papa.
Celle qui exerce alors comme juriste dans une entreprise américaine se heurte à une première difficulté. "Au moment où je décide de m'engager dans la réserve, on me dit : "Désolée madame, les candidatures, c'est trop tard". Et patiente comme je suis, j'ai dit : "d'accord, alors je m'engage pour de vrai." Je suis sortie du centre de recrutement des forces spéciales de Bayonne en ayant signé mon contrat d'engagement. Je démissionne, et c'est tout un monde qui s'effondre puisque personne n'était au courant de ma démarche."
Elle va pourtant rendre très fière sa famille et particulièrement sa grand-mère. "Ma maman est vietnamienne, elle est arrivée en France dans les années 1975, à la fin de la guerre. Quand je me suis engagée, ma grand-mère a dit : "C'est bon, on a payé notre dette, la France nous a accueillis et on donne un de nos enfants pour servir notre pays". C'est profond. Je pense que c'est quelque chose qui est en nous, qui se révèle à un moment dans notre vie."
La jeune femme officie donc comme juriste au sein des armées. "Très vite, on me dit : "T'as des compétences qui peuvent être exploitées autrement. Si tu apprends le russe, si tu te formes à la géopolitique du Caucase sur ton temps libre et aux crimes organisés, tu peux nous être utile autrement". Et là, je découvre ce qu'est le renseignement, parce que je l'ignorais totalement."
Et c'est ainsi que Maï-Linh Camus intègre la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). "Le jour où je signe mon contrat, je suis face à mon recruteur, et il me dit : "Bon, vous avez passé tous les tests, c'est bon, on vous prend." Et je lui réponds : "Pour faire quoi ?" Il me dit : "Vous signez, vous saurez. Vous ne signez pas, vous ne saurez jamais." Ce n'est pas une blague, moi je pensais que ça se faisait que dans les films. "Maï-Linh, vous prenez ou vous ne prenez pas ?" Et je signe." Elle ne peut pas en dire plus sur ses missions secrètes.
Elle met fin à sa carrière d'espion à seulement 32 ans. Et pour cause, Maï-Linh Camus attend un bébé. "C'est incompatible de continuer à faire ce métier opérationnel, en tout cas, avec tant de présence sur le terrain, en voulant élever un enfant. Et puis, j'arrivais à la fin de mon contrat, j'ai signé pour 5 ans. Je dis à mon chef : "Écoutez mon colonel, n'oubliez jamais, c'est un divorce entre deux personnes qui s'aiment". J'aimerais toujours les armées, j'aimerais toujours ce que j'ai fait et je continuerai à servir mon pays, mais il y a un choix à faire de stabilité pour la famille."
Elle décide alors de devenir fleuriste. "Je pars à la reconversion des militaires, et au moment du bilan de compétences, celui qui est chargé de mon orientation me dit : "Madame Camus, ce n'est pas possible, on peut pas, à 30 ans, vous laisser devenir fleuriste avec les compétences que vous avez. Alors faites-moi une promesse : tentez de monter votre entreprise dans l'intelligence économique. Et si dans cinq ans, ça ne va pas, vous revenez me voir et je vous aide à ouvrir votre boutique de fleurs"."
Elle choisit d'écouter ce monsieur et lance sa société de renseignement d'affaires, Prisme Intelligence, dans laquelle elle s'investit toujours. "J'ai transposé tout le savoir-faire que j'avais dans le renseignement étatique au service des entreprises, indique l'ancienne espionne. Je mène des investigations avec des équipes qualifiées afin d'obtenir un renseignement qui va être stratégique, qui va permettre de prendre des décisions pour les dirigeants d'entreprises."
Aujourd'hui, cette maman d'un enfant de deux ans ne regrette pas sa vie d'avant, mais avoue quand même : "Parfois, elle me manque parce que c'est une partie de moi qui était sous identité fictive, qui n'existait pas finalement, qui a vécu quelque chose d'exceptionnel. Et à l'âge de 32 ans, se dire qu'on ne le revivra plus comme ça, c'est assez compliqué à gérer, explique-t-elle. Ce que je retiens, c'est qu'il y a vraiment des hommes et des femmes exceptionnels qu'on ne rencontrera jamais dans le coin d'une rue, qui œuvrent pour le service de notre pays et qui sont capables de faire des choses incroyables pour une mission."
>> Tenaces est un podcast consacré à des femmes qui se sont battues, qui ont osé... C'était impossible, alors elles l'ont fait ! Dans chaque épisode, Anaïs Bouton vous présente une personnalité dont le parcours est puissant, inspirant, original. Tenaces ou l'art de ne jamais rien lâcher.
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