Serge Lazarevic a été libéré après trois ans de captivité. Il a été pris en otage avec Philippe Verdon au Mali par al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Sa fille, régulièrement en contact avec l'Élysée et le Quai d'Orsay, n'avait cessé de multiplier les recours et les appels à l'aide afin d'obtenir sa libération.
"Il faut mettre les bouchées doubles pour obtenir une libération le plus rapidement possible", demandait-elle. Le 18 novembre dernier, Serge Lazarevic apparaissait extrêmement fatigué dans une vidéo diffusée par ses ravisseurs.
De nouvelles rumeurs sont venues étayer l'espoir d'une libération du dernier otage français. Le site sahelien.com a rapporté les informations d'un élu local du Nord du Mali. C'est la principale zone d'influence d'Aqmi. Selon le site, la libération de l'otage français pourrait se faire contre l'échange d'une rançon de 20 millions d'euros.
"Notre otage Serge Lazarevic, notre dernier otage, est libre". C'est avec ces mots que François Hollande a annoncé mardi 9 décembre la libération officielle du Français. "Aujourd'hui, c'est la joie", avait ajouté le chef de l'État. Les membres du gouvernement en ont aussi profité pour saluer le courage de l'otage désormais libéré.
"Cette libération, qui représente donc un succès symbolique pour François Hollande, ne risque toutefois pas d'impacter sur les résultats électoraux. En revanche, elle est susceptible d'améliorer l'image et l'estime que portent les Français à l'égard du chef de l’État", analyse l'éditorialiste Alain Duhamel.
L'opposition a, elle aussi, réagi. Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP, a exprimé son "immense soulagement" et a salué l'action de ceux qui ont contribué à la libération de Serge Lazarevic. "J'adresse à Serge Lazarevic tous mes vœux de bonheur après cette terrible épreuve et je m'associe à la joie de sa famille et de ses proches qui s'apprêtent le retrouver. Ce dénouement heureux ne doit pas nous faire oublier la mémoire de nos compatriotes lâchement assassinés par les terroristes. Ils sont aussi présents dans nos cœurs aujourd'hui", a déclaré l'ancien président de la République.
À peine l'annonce de la libération faite, les conditions de cet heureux dénouement font l'objet de rumeurs. Selon le député UMP Alain Marsaud et l'expert anti-terroriste Jean-Charles Brisard, une rançon a forcément été payée à ses ravisseurs. Des spécialistes des groupes jihadistes affirment qu'un échange de prisonniers aurait également permis la libération du Français. Au plus haut sommet de l'État, on martèle depuis des années que la France ne verse jamais de rançons.
Au lendemain de l'annonce de sa libération, Serge Lazarevic repose le pied sur le sol français. Accueilli par François Hollande à Villacoublay, l'ancien otage a tenu à "remercier le président du Niger et son peuple, qui a collaboré pour me faire libérer".
Dès ses premières minutes en France, il a profité de sa liberté retrouvée. "N'oubliez jamais qu'être un homme libre c'est de faire attention à soi. La liberté, c'est plus cher que tout. Quand on est perdu, au bord de la mort, on pense plus à la vie. Merci au peuple français et au gouvernement, qui a tout fait pour nous libérer. Vive la liberté !", a-t-il déclaré.
Selon l'éditorialiste Alba Ventura, "dans une libération d'otage, il n'y a rien de politique, ni de politicien. Le Président ne peut pas récupérer cette affaire. Même s'il a été au cœur de cette libération, cela se joue au-dessus de lui à présent. C'est désormais le temps de l'émotion. Il y a un élan de sympathie entre les Français, notre otage et sa famille".
Accueilli à la descente de l'avion par François Hollande et Jean-Yves Le Drian, Serge Lazarevic, qui avait déjà revu sa fille à Niamey, a retrouvé sa mère et sa sœur à l'aéroport militaire de Villacoublay. Mais le Français, enlevé le 24 novembre 2011 au Mali, a aussi retrouvé le fils de son ancien compagnon de route, Philippe Verdon. Ce dernier, enlevé le même jour dans l'hôtel de Hombouri, a été tué d'une balle dans la tête par ses ravisseurs en 2013.
Alors que François Hollande prononçait un discours après son arrivée en France, Serge Lazarevic a invité Clément Verdon à le rejoindre en l'appelant "mon fils". La fin de la cérémonie a notamment été marquée par une longue étreinte entre les deux hommes.
Le ministre malien de la Justice Mohamed Ali Bathily a reconnu que quatre prisonniers avaient été libérés en échange du Français Serge Lazarevic. "L'évidence est là. Je confirme, votre chiffre est bon, quatre prisonniers ont été libérés des prisons maliennes pour que Serge Lazarevic recouvre la liberté. Pour les détails, c'est autre chose", a déclaré le ministre, joint par téléphone.
Dès la libération de Serge Lazarevic, une source de sécurité malienne et des ONG de défense des droits de l'Homme avaient affirmé que des jihadistes emprisonnés au Mali, y compris l'organisateur présumé de son enlèvement, avaient été relâchés en échange de l'otage. Le responsable de sécurité malien avait précisé qu'il s'agissait d'un "échange de prisonniers", réalisé "à la demande de Paris".
"Ce n'est pas de gaieté de cœur que le Mali s'engage dans de telles décisions", a souligné le ministre de la Justice dans une interview vendredi à la chaîne de télévision France 24, insistant toutefois sur "la réalité d'une négociation". "C'est un fait, tout le monde le sait, ça ne sert à rien de nier la réalité", a déclaré M. Bathily, interrogé sur la véracité de ces informations.
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