Une colère gronde en Tunisie. Pour la troisième fois consécutive, plusieurs villes du pays ont été le théâtre dans la nuit de scènes d'affrontements entre protestataires et forces de l'ordre. Lundi 18 janvier, le ministère de l'Intérieur a indiqué que plus de 600 personnes avaient été arrêtées dans la nuit de dimanche à lundi. Des heurts avaient éclaté au lendemain du dixième anniversaire de la chute du président Zine El Abidine Ben Ali et de son régime policier, le 14 janvier 2011. Un anniversaire étouffé par un confinement général de quatre jours qui s'est achevé dimanche, pour tenter d'endiguer une flambée de cas de Covid-19, assorti d'un couvre-feu à partir de 16 heures.
Les motifs exacts de ces échauffourées ne sont toutefois pas connus. Mais ils interviennent dans un contexte d'instabilité politique et de dégradation de la situation sociale en Tunisie. Selon le ministère de l'Intérieur, les protestataires arrêtés sont issus de groupes de personnes entre 15 et 25 ans et ont "brûlé des pneus et des poubelles afin d'entraver les mouvements des forces de sécurité". Les heurts ont également éclaté dans des zones marginalisées, frappées de plein fouet par la crise économique inédite, exacerbée par la pandémie.
D'après le porte-parole du ministère de l'Intérieur, ces violences n'ont "rien à voir avec les mouvements de revendication garantis par la loi et la Constitution". "Les revendications se déroulent normalement le jour (...) et sans actes criminels", a ajouté le porte-parole Khaled Hayouni dans une interview à la radio privée Mosaïque, faisant état de deux blessés parmi les forces de l'ordre. La police avait été déployée en nombre dans des dizaines de localités, dont le vaste quartier populaire d'Ettadhamen en périphérie de Tunis.
Des pillages ont également eu lieu dans certaines zones. Lundi, un porte-parole du ministère de la Défense a indiqué à l'Agence France-Presse que l'armée avait déployé des renforts dans les régions de Bizerte, Sousse, Kasserine et Siliana, afin de protéger les bâtiments publics.
Comme le souligne l'Agence France-Presse, il n'y a pas d'événement précis à l'origine des incidents. "C'est difficile d'enfermer des jeunes dont certains ne rentrent habituellement chez eux que pour dormir, fuyant les tensions ou la promiscuité", tente d'expliquer le politologue Selim Kharrat, interrogé par l'AFP, en faisant référence au renforcement du couvre-feu ces quatre derniers jours pour contrer l'accélération de