Syrie : où en est la lutte contre Daesh ?
ÉCLAIRAGE - Alors que l'armée française dit pouvoir arriver à bout du groupe terroriste en Syrie d'ici "2 ou 3 mois", Daesh revendique, le 25 juillet, une attaque ayant fait au moins 220 morts.

"Un combattant de l’EI est un combattant de trop", "nous voulons nous assurer que nous les tuons tous", a déclaré le commandant des forces françaises au sein de la coalition, le général Frédéric Parisot le 12 juillet dernier. "Il reste encore deux poches et d'ici quelques semaines, je pense qu'on peut dire assez sereinement que Daesh ne contrôlera plus aucun territoire dans notre zone d'opérations", a déclaré le haut gradé depuis Bagdad.
Est-ce que pour autant on sera venu à bout du groupe terroriste ? Plusieurs experts en doutent profondément, comme à chacune de ces sorties prémonitoires. Il y a plusieurs mois, Emmanuel Macron promettait déjà "d'ici mi, fin février" la victoire de "la guerre en Syrie" contre l'État islamique (EI).
Pourtant, impossible de prédire ce qui va se passer dans les jours et semaines à venir. Un peu plus d'une semaine après les déclarations de Frédéric Parisot, l'État islamique revendique des attaques terroristes qui ont fait plus de 220 morts - dont 127 civils - dans le nord de la province de Soueida.
Une série d'attaques sanguinaires qui a commencé par un attentat suicide provocant, mercredi 25 juillet, la mort de 54 personnes. Puis, les jihadistes sont allés dans les villages, exécuter directement les civils chez eux. Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme raconte à l'AFP : "127 civils tués pour la plupart dans le nord (de la province de Soueida) où on a retrouvé des corps de civils exécutés chez eux". Le bilan reste provisoire.
Alors si l'EI a perdu l'immense partie de ses territoires syriens, et irakiens, les combattants restent actifs. D'après l'agrégé d'histoire et analyste de la propagande jihadiste qui conserve son anonymat derrière le compte Twitter Historicoblog, un changement d'habitude dans leurs messages de propagande confirme que Daesh accepte sa perte de territoire.
Selon l'expert, avant la semaine dernière, "ils avaient l'habitude d'utiliser des noms de provinces" dans leurs revendications, maintenant, ils précisent simplement "Irak" ou "Syrie". "Ils ont abandonné le découpage territorial", résume-t-il.
Daesh toujours actif
Toutefois, ils utilisent encore pour une région occupée par un groupe terroriste qui lui a prêté allégeance, le terme de province, ou wilayat. Jusqu'ici l'armée Khalid Ibn al-Walid était traitée comme un bras supplémentaire, aujourd'hui, la poche qu'elle maîtrise est la dernière qualifiée de province par l'organisation terroriste.
Comme le précise le général, oui il reste une centaine de jihadistes affiliés à l'EI dans le désert syrien, mais d'après l'expert "ils refusent le combat" et préfèrent les attentats. Et les récentes attaques lui donnent raison. "Ils sont passés à l'insurrection", explique-t-il encore.
Puis, il reste encore des affrontements dans le nord du pays, dans une zone toujours contrôlée par les rebelles, contre un autre groupe jihadiste, Ayat Tahir al-Sham. De plus, sans que l'on puisse en vérifier la véracité, Daesh revendique des attaques perpétrées à Raqqa, ancienne capitale syrienne du groupe. Impossible de savoir s'ils les récupèrent ou non.
Toutefois, ils sont toujours actifs en Irak, malgré la perte de leur territoire. Historicoblog prévient : "Ils sont passés à l'insurrection". Romain Caillet, auteur du Combat vous a été prescrit, ajoute : "En Irak, l’État islamique est retourné dans la clandestinité mais commet des attentats sanglants tous les jours."
Même si militairement la France, et plus largement la coalition, venaient à bout de la formation jihadiste et parvenait à éliminer tous les combattants, les experts sont d'accord pour prévenir que l'idéologie jihadiste, elle, perdurera au-delà de l'existence des groupes terroristes.
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