Syrie : enfermé depuis 43 ans pour avoir refusé de bombarder des opposants, Ragheed Al-Tatari est libre

Ragheed Al-Tatari, ancien pilote condamné pour avoir refusé de bombarder des opposants au régime, a été libéré à la faveur de la chute de Bachar al-Assad. Ce 8 décembre, il est sorti de la prison dans laquelle il était enfermé depuis 43 ans.

La prison de Saidnaya, en Syrie

Crédit : Handout / Google Earth / Astrium / CNES / AFP

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Deux jours après la chute de Bachar al-Assad en Syrie le 7 décembre dernier, la Russie, qui était son soutien, réagit pour la première fois. Moscou reconnaît avoir été surprise par l'offensive éclair des rebelles, mais refuse de confirmer la présence de Bachar al-Assad sur son territoire.

Celui-ci laisse derrière lui un pays brisé par la guerre civile. Torture, exécutions sommaires, utilisation d'armes chimiques contre les civils... Surnommé le boucher de Damas, Bachar el-Assad est le symbole d'un demi-million de morts depuis le début de la guerre civile en 2011, mais aussi de dizaines de milliers de prisonniers.

L'un d'entre eux s'en est sorti après 43 ans derrière les barreaux, il serait le plus ancien prisonnier de guerre au monde. Sur une photo récente qui circule sur les réseaux sociaux, Ragheed Al-Tatari est un vieux monsieur, visage ridé, crâne dégarni, moustache blanche. Rien à voir avec ce cliché de lui, regard et cheveux noirs impeccablement coupés dans son costume de l'armée de l'air syrienne il y a plus de quarante ans.

Ragheed Al-Tatari était pilote quand il a été arrêté une première fois en 1980. Il avait refusé de bombarder des civils qui manifestaient contre le régime de Hafez al-Assad, père de Bachar. Jugé, il fut accusé de désobéissance aux ordres, puis acquitté et renvoyé de l'armée. Il s'est alors enfui en Jordanie. Sa demande d'asile rejetée, il est revenu en Syrie où il a été de nouveau emprisonné.

Son procès n'aura lieu que 30 ans plus tard. Un tribunal militaire le reconnaîtra coupable de trahison. Le 8 décembre 2024, il a donc été libéré de la prison de Saidnaya, lieu de torture du régime syrien qualifié d'abattoir humain. Ragheed Al-Tatari fêtera son 70e anniversaire en homme libre le 25 décembre, peut-être avec son fils, réfugié au Canada, qui s'est toujours battu pour la libération de son père.

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