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Sanae Takaichi, le 21 octobre 2025
Crédit : Philip FONG / AFP
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Finalement, ce sera bien elle. La nationaliste Sanae Takaichi succèdera à Shigeru Ishiba au poste de Premier ministre du Japon. Un poste auquel aucune femme politique n'a encore exercé dans ce pays d'Asie. Elle doit cette première historique et victoire personnelle à des négociations de dernière minute réalisées pour faire face à l'effondrement d'une coalition historique entre son parti de droite, le Parti libéral-démocrate PLD et ses alliés. La chambre basse du Parlement nippon l'a désignée dès le premier tour. Sa nomination deviendra officielle quand elle aura rencontré l'empereur Naruhito plus tard dans la journée.
La formation de droite conservatrice au pouvoir quasiment sans interruption depuis 1955 est plus impopulaire que jamais, notamment après la révélation de plusieurs scandales financiers. Le parti a perdu ces derniers mois sa majorité dans les deux chambres du Parlement et doit s'allier pour se maintenir au pouvoir. Son allié historique, le parti centriste Komeito, a claqué la porte de leur coalition en place depuis 1999, mal à l'aise avec ce scandale et les opinions conservatrices de Sanae Takaichi. Pour assurer sa place dans le siège du Premier ministre du pays, elle a formé le 20 octobre une alliance avec le Parti japonais pour l'innovation (Ishin), formation réformatrice de centre droit. Elle s'est engagée à "renforcer l'économie japonaise et à refondre le Japon pour en faire un pays capable d'assumer ses responsabilités envers les générations futures".
Sanae Takaichi a 64 ans. Cette native de la ville de Nara défend des idées conservatrices sur les questions de société et appelle à une défense robuste. En matière économique, elle est favorable à d'importantes dépenses publiques et à des taux d'intérêt bas, dans le sillage des politiques conduites par son mentor en politique, l'ex-Premier ministre Shinzo Abe.
Elle s'est rendue régulièrement au sanctuaire Yasukuni de Tokyo, qui honore notamment plusieurs criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale et est considéré, dans plusieurs pays asiatiques, comme un symbole du passé militariste japonais. Révisionniste dans son approche, elle considère que les crimes de guerre du Japon sont "largement exagérés". Sanae Takaichi est aussi une critique virulente du renforcement de la présence militaire chinoise en Asie-Océanie. Elle considère Pékin comme une menace pour l'intégrité du Japon et la stabilité en Asie et est favorable à la construction d'installations japonaises sur les îles Senkaku, disputées depuis des années entre la Chine et le Japon.
Particulièrement conservatrice, même pour son camp, elle s'oppose à des réformes sociales qui diminueraient les inégalités entre les hommes et les femmes. Tout juste nommée, Sanae Takaichi, n'a nommé que deux femmes ministres dans son gouvernement, après avoir pourtant promis un équilibre entre les genres "à la scandinave".
Admiratrice de Margaret Thatcher, elle avait déclaré le mois dernier que l'équilibre hommes/femmes au sein de son gouvernement et du comité exécutif de son parti au pouvoir "serait comparable à celui des pays scandinaves". Les deux femmes qui intègrent son équipe gouvernementale sont Satsuki Katayama, qui sera la première femme ministre des Finances du Japon, et Kimi Onoda, nommée ministre de la Sécurité économique. Le Japon est classé 118e sur 148 dans le rapport 2025 du Forum économique mondial sur l'écart entre les sexes, et la Chambre basse du Parlement ne compte que 15% de femmes. L'Islande, la Finlande et la Norvège occupent les trois premières places du classement.
Dans le même registre, elle refuse d'autoriser les femmes à garder leur nom de jeune fille, après le mariage militant pour une unité patronymique du couple. Elle critique les naissances hors mariage et s'est opposée très clairement à une évolution des droits de succession du trône du chrysanthème qui pourraient faire une meilleure place aux femmes de la famille impériale. Longtemps, la famille impériale a réfléchi à permettre aux princesses de maintenir leur rang après le mariage voire d'intégrer l'ordre de succession. Une réforme vitale pour la famille qui n'a compté que des filles pendant très longtemps jusqu'à la naissance de Hisahito d'Akishino en 2006. Sanae Takaichi véhicule également activement une vision paternaliste de la famille, refuse les quotas visant à féminiser les lieux de pouvoir et milite pour des rôles bien définis pour les hommes et les femmes. Dans la même veine, elle s'oppose au mariage pour tous.
Amatrice de motos, de voitures, de heavy metal et grande fumeuse, Sanae Takaichi s'est mariée à un autre parlementaire de son parti, Taku Yamamoto, avant que le couple ne divorce en 2017 avant de renouer les liens quelques années plus tard. Elle l'a convaincu de changer son nom pour que le couple demeure cohérent avec ses idées politiques. Elle n'a pas d'enfant.
Le président américain Donald Trump doit se rendre au Japon la semaine prochaine. Parmi les possibles points de contention, les contours encore flous des 500 milliards de dollars d'investissements envisagés par le Japon dans le cadre de son accord commercial avec Washington. Donald Trump souhaite par ailleurs que Tokyo cesse d'importer de l'énergie russe et augmente ses dépenses de défense.
Sanae Takaichi sera aussi confrontée à la lutte contre le déclin démographique du Japon et la relance de la quatrième économie mondiale. Elle s'est exprimée en faveur de l'augmentation des dépenses publiques pour relancer l'économie, à l'instar de son mentor, l'ancien Premier ministre Shinzo Abe. Bien qu'elle ait tempéré ce discours ces dernières semaines, sa victoire a propulsé la Bourse de Tokyo à des niveaux record.
Au plan international, elle a estimé par le passé que le Japon était "complètement méprisé par la Chine" et que Tokyo devait "faire face à la menace sécuritaire" posée par Pékin, tout en appelant à une plus grande coopération en matière de sécurité avec Taïwan. Sanae Takaichi a cependant récemment modéré son discours sur la Chine et s'est prudemment abstenue la semaine dernière de se rendre au sanctuaire Yasukuni. Le ministère chinois des Affaires étrangères a d'ailleurs indiqué avoir "pris note du résultat des élections" japonaises et espérer que Tokyo "fera progresser pleinement les relations stratégiques et mutuellement avantageuses" entre les deux voisins.
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