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"Safaris humains à Sarajevo" : l'Italie ouvre une enquête sur le tourisme des tireurs d'élite durant la guerre de Bosnie

Trente ans après la guerre de Bosnie, la justice italienne enquête sur des hommes qui auraient payé pour tirer sur des civils à Sarajevo. Des "safaris humains" organisés depuis l'Italie, au cœur du siège le plus long et le plus meurtrier de l'Europe moderne.

Un couple court se mettre à l'abri des tireurs embusqués derrière un bus portant l'inscription "Brigade de Sarajevo", le 28 mars 1993 à Sarajevo, pendant la guerre de Bosnie.

Crédit : Vincent AMALVY / AFP

"Safaris humains" à Sarajevo : la justice italienne ouvre une enquête

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"Safaris humains" à Sarajevo : la justice italienne ouvre une enquête

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William Galibert - édité par Jérémy Descours

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Cette histoire des "Safaris humains" fait la une de la presse italienne et britannique, ce mercredi 12 novembre. Et elle fait froid dans le dos. Pendant la guerre de Bosniedes touristes auraient payé des fortunes pour venir tirer sur des civils, comme on tire sur des boîtes de conserve à la fête foraine. 


Pour comprendre, il faut repartir là-bas, à Sarajevo. Entre avril 1992 et février 1996, la ville est prise au piège, assiégée. Les collines qui surplombent Sarajevo sont tenues par les forces serbes. Chaque rue, chaque carrefour se transforment en danger de mort. On apprend à courir, à se baisser, à aller faire ses courses en se cachant derrière des murs éventrés ou des carcasses de voitures. 

À Sarajevo, il y a aussi le boulevard Mesa Selimovic, l'une des artères principales que l'on surnomme "Sniper Alley", l'avenue des snipers. Un bilan fait état de 11.000 morts, victimes de ces balles tombées du ciel. 

Ils "voulaient vivre l'adrénaline d'un champ de bataille"

C'est là, sur ces collines, que l'enquête ouverte à Milan place donc son accusation. Des étrangers, notamment des Italiens, seraient donc venus payer pour tirer. Des hommes riches, passionnés d'armes. 

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Ils auraient déboursé l'équivalent de 80.000 ou 100.000 euros, auraient pris un vol entre Trieste - au nord de l'Italie - et Belgrade, avant d'être conduits sur les collines tenues par les milices de Radovan Karadžić, le Serbe qui a depuis été condamné pour génocide. 

Le journaliste d'investigation - qui est à l'origine du déclenchement de l'enquête - parle d'un chirurgien esthétique de Milan, propriétaire d'une clinique privée ou encore d'un autre homme venu de Turin. 

Il dit : "Ils étaient riches, passionnés d'armes, sans motivation politique ou religieuse, de simples amateurs de tir ou de chasse, des gens qui voulaient vivre l'adrénaline d'un champ de bataille".

"Il y avait même un tarif pour ces meurtres"

Une enquête a donc été ouverte pour homicide volontaire aggravé par cruauté et motifs abjects en Italie. Une plainte de 17 pages a été déposée. Elle regroupe des témoignages déjà versé à la justice internationale, comme celui d'un pompier américain, volontaire à Sarajevo, 

Devant le tribunal international de La Haye, ce soldat du feu a expliqué : "J'ai vu des hommes guidés par des locaux, maladroits avec leurs armes, portant des vêtements de chasse. Ils n'étaient pas soldats, ils semblaient venus pour jouer".

Dans la plainte, on va encore plus loin dans l'horreur. On lit : "Il y avait même un tarif pour ces meurtres. Les enfants coûtaient plus cher", ensuite les hommes, de préférence en uniforme, puis les femmes. Les personnes âgées, elles, pouvaient être tuées gratuitement. 

Un agent bosnien avait prévenu ses homologues italiens

Dans le dossier se trouve également le témoignage d'un agent du renseignement bosnien qui affirme, qu'à la fin de 1993, ses services avaient prévenu les services secrets italiens de la présence d'au moins cinq touristes italiens sur les hauteurs de Sarajevo. 

Et puis, il y a eu un premier documentaire, Sarajevo Safari, qui avait commencé à faire bouger les choses il y a trois ans (2022). Pendant des années, cette histoire n'a été qu'une rumeur, un murmure de guerre ou carrément une légende urbaine côté serbe. 

Les carabiniers italiens de l'unité spécialisée dans les crimes de guerre vont désormais officiellement enquêter.

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