REPORTAGE - Syrie : "J'ai peur en tant que femme, ces rebelles ne vont pas changer"

Le nouveau pouvoir en Syrie a promis jeudi d'instaurer un "État de droit", quatre jours après la chute de Bachar al-Assad. Malgré ce renversement, les femmes syriennes restent inquiètes, se remémorant l'exemple des talibans en Afghanistan, dont les promesses de modernité n'étaient qu'une façade avant le retour à un régime de terreur et d'oppression. Qu'en est-il pour le groupe HTS ?

Lorsque les factions rebelles ont pris le pouvoir, Lamia est restée cloîtrée chez elle plusieurs jours à Damas. Elle n'est ressortie qu'hier pour les obsèques d'un ami disparu. "Nous avons tous peur, surtout ceux qui, comme moi, s'expriment à travers l'art ou revendiquent leur liberté ici en Syrie", témoigne-t-elle. Elle s'est enfermée par crainte que les droits des femmes ne soient bafoués. "Bien sûr que j'ai peur en tant que femme, ces rebelles ne vont pas changer. Mais peut-être que toute la région aspire à la démocratie, donc nous gardons espoir. L'espoir et la peur fonctionnent ensemble."

Un peu plus loin, Zahra, 83 ans, observe la télévision syrienne dans un magasin. Celle-ci n'émet désormais plus que des communiqués écrits selon les règles imposées par les rebelles. "C'est évident que j'ai des doutes et des inquiétudes. Je suis réaliste, nous ne basculerons pas dans un État laïque. Pour l'instant, ce dont nous avons besoin, c'est de paix. C'est déjà la priorité."

Pour l'instant, aucune règle n'a été édictée à l'échelle nationale. La nouvelle constitution est en cours de rédaction.