Le 11 mars 2011, un tsunami détruisait la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, au Japon. Plusieurs réacteurs avaient explosé causant des dégâts très importants d'un point de vue environnemental et sanitaire. Jeudi 24 août 2023, l'État japonais a commencé à rejeter l'eau contaminée de la centrale dans l'océan Pacifique.
Depuis 2011, il est indispensable de refroidir en permanence les réacteurs entrés en fusion après l'explosion. Cette eau contaminée (plus de 100.000 litres par jour en moyenne) est récupérée, filtrée et stockée sur le site, mais les capacités disponibles sont bientôt saturées. Pour remédier à ce problème, le gouvernement envisageait depuis 2021 de rejeter l'eau contaminée directement dans l'océan, à un kilomètre des côtes, avec un conduit sous-marin prévu à cet effet.
Pourquoi prendre cette mesure ? Y a-t-il un risque sanitaire et/ou environnemental ? Qui dénonce et s'oppose à cette décision ?
1.34 million de tonnes d'eau est actuellement stockée, l'équivalent de 540 piscines olympiques. Chaque jour, en moyenne, plus de 100.000 litres d'eau contaminée est générée par la centrale. Un millier de citernes géantes sont presque remplies à ras bord, les capacités disponibles seront bientôt saturées si rien n'est fait.
Le projet devrait durer trente ans, jusqu'aux années 2050, au rythme de 500 m³ d'eau évacuée quotidiennement au maximum, d'après Tepco, l'opérateur de la centrale. Cette dernière est d'ailleurs en cours de démantèlement.
À en croire l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), aucun. Ou du moins, ils sont très faibles. Le système de filtration utilisé par le Japon est nommé "Système avancé de traitement des liquides" (ALPS), il permet d'extraire la majorité des substances radioactives de l'eau.
Seulement, une substance pose problème : le tritium. C'est un radionucléide qui est naturellement présent dans l'eau, très difficile à séparer de celle-ci. Seule une quantité importante de tritium est dangereuse pour la santé, le plafond étant fixé à 10.000 becquerels par litre (Bq/L) d'eau potable par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Tepco prévoit de diluer l'eau "tritiée" pour réduire son niveau de radioactivité à moins de 1.500 Bq/L, soit sept fois moins que la norme de l'OMS. C'est ce qu'a observé l'AIEA, qui a donné son feu vert en juillet au projet, après l'analyse d'un échantillon. L'agence estime que le niveau de tritium dans l'eau de la centrale est "bien en dessous" de la limite prévue de 1.500 Bq/L.
"Nous n'avons pas identifié un quelconque impact sur l'environnement ou la santé" de cette pratique exercée partout dans le monde, y compris en France, selon Tony Hooker, un spécialiste des radiations de l'université d'Adélaïde.
Les organisations écologistes et antinucléaires telles que Greenpeace se montrent très critiques vis-à-vis du plan, tout comme les pêcheurs japonais. Si les premiers accusent les autorités nippones de sous-estimer les risques, les seconds craignent également pour l'image de leur activité.
En effet, des pays comme la Chine, ainsi qu'Hong Kong et Macao, ont déjà banni certains produits provenant du Japon. C'est le cas des importations de produits de la mer, pour motif de "sécurité alimentaire", après avoir déjà décidé en juillet d'interdire les importations de denrées de dix départements japonais, dont celui de Fukushima.
La posture de Pékin est éminemment politique, dans un contexte de relations tendues avec le pays du Soleil levant. En guise de réponse, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a demandé ce jeudi 24 août à la Chine de lever immédiatement ces restrictions.
Pour sa part, le gouvernement sud-coréen n'a pas bronché, bien que sa population se montre méfiante. Des réserves d'eau salée sont constituées par certains citoyens sud-coréens, tandis que des manifestants ont tenté de pénétrer dans l'ambassade du Japon à Séoul. Ils ont été arrêtés par la police.
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