À la veille de l’élection présidentielle américaine, certaines villes comme Washington et New York voient des quartiers entiers se barricader. Le pays semble être au bord du chaos et beaucoup ont intérêt à faire monter la tension. De fait, les Républicains ont déjà commencé à contester certains votes par correspondance, même si les juges ne leur donnent pas raison, cela installe l’idée d’une élection à la légitimité douteuse, ce que cherche Donald Trump.
Au-delà des évènements immédiats, le plus inquiétant reste l'état général de l'Amérique. Les États-Unis sont aujourd’hui une société fracturée comme jamais, dans laquelle des gens se font face et ne partagent plus rien, même pas le simple constat du réel.
Le trumpisme pourrait donc survivre même en cas de défaite du candidat républicain. Encore faut-il définir ce qu’on entend par trumpisme. Cette idée est en général agitée par ceux qui se contentent de dire que Trump est un horrible personnage, et que l’état de l’Amérique serait de sa seule responsabilité.
Évidemment, l’hystérisation de la vie politique est liée à sa pratique du mensonge, de la caricature. Mais la société américaine avait déjà, avant Trump, atteint un degré de polarisation hallucinant. Et il y a peu de chances que Joe Biden, s’il est élu, puisse véritablement réconcilier les Américains.
Un élément à garder en tête, l’abstention croissante, favorisée à la fois par le désespoir d’une partie des électeurs et par la perte de confiance en la démocratie, donne toujours plus de poids aux radicaux de chaque camp. Tant qu’un travail de reconquête ne sera pas fait pour réintégrer les citoyens dans le processus démocratique, la culture du compromis qui était au cœur des institutions américaines sera fragilisée.
Pour nous, Européens, il vaut mieux avoir un président américain qui réintègre l'accord de Paris, c'est un sujet essentiel. Je suis toujours frappée de voir comme les médias français adorent nous organiser des grand-messes américaines pour montrer à quel point ils sont ouverts, sans jamais se soucier de l’essentiel : ce que tout cela implique pour les citoyens européens.
Bien sûr, Trump s’en est pris à l’Europe, il a bousculé les Européens tant qu’il a pu. Mais ça a été une chance pour nous. Certains ont enfin compris que l’allié américain était surtout occupé à imposer sa domination.
L’impérialisme américain à coup de guerre économique et juridique, ce n’est pas une invention de Trump. Et ça continuera de plus belle avec Biden. Avec le risque que les atlantistes habituels ne fassent tout pour revenir à la situation antérieure, celle de l’inféodation de l’Europe. Ce n’est pas parce que Joe Biden est plus présentable et plus raisonnable que les États-Unis ne mèneront pas la même politique, obsédés par la Chine, incapables de comprendre ce qui se joue au Proche Orient et ravis de voir les Européens leur demander l’autorisation pour exister.
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