Présidentielle américaine : la défense de Donald Trump sous pression
La guérilla juridique du président s'est retournée contre ses avocats, accusés par des militants politiques ou des confrères, de participer à une entreprise de sape de la démocratie.

L'embarras atteint jusqu'à la défense de Donald Trump. Embarqués dans une croisade en justice aux côtés du président sortant, qui ne cesse de décrier l'élection présidentielle perdue face à Joe Biden comme "frauduleuse" ou "truquée", certains de ses avocats expriment des doutes quant au bien-fondé de telles allégations.
Au sein du prestigieux cabinet Jones Day, qui a pourtant connu son lot de controverses par le passé en défendant le puissant lobby du tabac ou encore la famille Ben Laden, quelques-uns craignent que le manque de preuve avancé par le camp Trump "ne sape l'intégrité des élections américaines", rapporte le New York Times.
Même chose chez Porter Wright Morris & Arthur (Ohio), où un avocat aurait déjà démissionné en signe de protestation. De plus en plus mal à l'aise sur le dossier Trump, les deux firmes, qui ont déjà engagées des recours dans plusieurs Etats, font en effet face aujourd'hui à de plus en plus de pression.
Des avocats sous pression
Il faut reconnaître que la guérilla juridique du président républicain et de ses alliés, qui manque toujours d'éléments de preuves, s'est retournée contre leurs avocats. "Jones Day, enlève tes mains de nos bulletins de vote" pouvait-on lire inscrit sur le sol à proximité de siège de San Francisco.
Le Lincoln Project, une coalition de républicains opposés à Donald Trump, a ainsi lancé une campagne sur Twitter axée spécifiquement contre les deux cabinets. "Croyez-vous que des cabinets d'avocats devraient essayer de retourner la volonté du peuple américain?", a tweeté ce groupe conservateur, en appelant leurs employés à démissionner.
"Plus ils s'aventurent dans le terrier conspirationniste de Trump (...) plus ils mettent en danger leur réputation et leur licence professionnelle", ont également jugé les avocats Bradley Moss et Joanne Molinaro dans une tribune au vitriol sur le site The Atlantic.
Le code de conduite du Barreau fédéral comprend une clause qui interdit aux avocats d'introduire des recours dit "frivoles", c'est-à-dire n'ayant pas de base légale ni de preuve, rappelle Joshua Davis du Centre de Droit et d'Ethique de l'Université de San Francisco. Et selon lui, les plaintes déposées jusqu'ici "sont très près de cette ligne".
"Aucune plainte pour fraude électorale"
Malgré la pression de tous bords, les deux cabinets mis en cause défendent leur position. "Porter Wright a une longue expérience en droit électoral et a représenté des démocrates, des républicains et des indépendants", ont rappelé ses services de communication.
Jones Day a juré pour sa part n'être impliqué dans "aucune plainte pour fraude électorale", mais simplement dans un dossier qui pose une "importante et récurrente question de droit" et concerne les votes par correspondance arrivés après le scrutin en Pennsylvanie.
Proche des républicains, ce cabinet aurait touché plus de 4 millions de dollars cette année de la campagne Trump ou du Grand Old Party, selon la commission fédérale qui surveille les dépenses électorales. (Plus de 20 millions depuis 2015, selon le NYT). Un client historique qui s'avère être très rentable mais qui pourrait lui poser à l'avenir quelques problèmes d'image ou de respectabilité.
Stephen Gillers, professeur d'éthique juridique à l'Université de New York, juge ainsi que "des clients et des étudiants en droit pourraient hésiter à rejoindre ses rangs". Mais "il y a 1,3 million d'avocats aux Etats-Unis et des centaines de gros cabinets", rappelle l'universitaire. "Si Jones Day refusait ce travail, un autre l'accepterait."
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